artout sa souverainete, ce a quoi le premier ne put
jamais parvenir.
L'oeuvre de Raoul fut difficile principalement a cause du regime
social de son royaume, ou la feodalite en se constituant avait
determine l'anarchie. Les interets particularistes des seigneurs,
opposes les uns aux autres, rendaient extremement ingrate la tache
d'un roi feodal, dont l'autorite dependait du concours des grands
vassaux. La soif d'accroissement d'Herbert de Vermandois amena sa
rupture avec Raoul. Le fils de Robert Ier, Hugues, fut d'abord
entraine par lui contre un suzerain trop peu docile qu'il regretta
naturellement tres vite de s'etre donne; il ne se rapprocha de Raoul
que lorsqu'il le vit suffisamment affaibli et qu'Herbert devint
dangereux pour lui-meme. Les grands avaient espere, en creant roi le
duc de Bourgogne, regner a sa place et s'en servir comme d'auxiliaire
contre les Normands, et ils se heurterent a la volonte d'un homme
autoritaire et actif qui entendait gouverner autrement que de nom. Ils
s'apercurent qu'ils s'etaient donne un maitre et ils eprouverent bien
vite que le pouvoir royal entre les mains d'un roi elu par eux etait
devenu plus fort qu'entre celles d'un dynaste affaibli. Toutefois a un
point de vue plus eleve, le choix de Raoul avait ete excellent au
moment ou s'ouvraient les successions de Lorraine et de Provence,
puisqu'il etait allie aux familles royales de ces pays, que son frere
Boson y etait possessionne et epousa meme la petite-fille de Lothaire
II de Lorraine, niece de Hugues de Provence.
La difficulte de la tache de Raoul etait encore accrue par la rivalite
du roi de Germanie en Lorraine. Celui-ci avait affaire a une feodalite
moins developpee et, partant, plus aisee a dominer. En dehors des
grands feudataires laiques et ecclesiastiques, il ne semble pas qu'il
y ait eu alors en Germanie le meme esprit d'independance dans cette
classe turbulente des comtes et vicomtes desireux de s'accroitre, qui
empecha meme un moment Raoul d'etre assure de la soumission de son
propre duche. Il est vrai que pour satisfaire les gouts belliqueux et
les appetits insatiables de tous ces feodaux, Raoul ne disposait pas,
comme Henri l'Oiseleur, de nouveaux territoires conquis sur les
Slaves. Il n'avait que les rares debris d'un domaine royal tellement
ebreche par ses predecesseurs qu'il comprit la necessite de le
sauvegarder a tout prix.
C'etait la troisieme fois qu'un roi designe par une election veritable
parvenait au
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