tait en excellents termes
avec le clerge; recemment encore les moines fugitifs de Montierender
avaient trouve un asile aupres de lui, en Bourgogne[52]. D'autre part
les grands vassaux avaient absolument besoin de s'assurer son
concours, sans lequel--on l'avait vu sous Richard le Justicier--ils ne
pouvaient rien entreprendre contre le Carolingien; et ses domaines
etaient suffisamment eloignes pour que Hugues et Herbert n'eussent pas
a en prendre ombrage ni a craindre pour leur propre securite. Du recit
de l'historien Raoul le Chauve (_Glaber_), posterieur de pres d'un
siecle, on peut inferer, avec une certaine apparence de verite, que le
choix fut hesitant, surtout entre Hugues et Raoul, et que
l'intervention d'Emma, femme de Raoul et soeur de Hugues, finit par
amener un accord[53].
Le dimanche 13 juillet 923, Raoul fut proclame roi a l'unanimite par
les grands reunis a Soissons, et couronne aussitot a Saint-Medard par
l'archeveque de Sens, Gautier, ce "faiseur de rois", qui avait deja
consacre successivement Eudes et Robert[54].
Cependant les esprits superstitieux vivement impressionnes par la mort
imprevue du "puissant marquis" Robert, sur le champ de bataille de
Soissons, envisageaient cette catastrophe comme une sorte de "jugement
de Dieu"[55]. L'archeveque Seulf reunit a Reims un synode des eveques
de sa province, vers la fin du mois suivant (apres le 27 aout), pour
examiner la situation. Les eveques de Cambrai, Laon, Noyon, Senlis et
Soissons y assisterent en personne. Il fut decide qu'une penitence
generale serait imposee a tous ceux qui avaient pris part au combat
impie ou les deux rois s'etaient trouves en presence. La penitence
devait durer trois ans. Pendant le premier careme, ils devaient
s'abstenir d'entrer a l'eglise. Les vendredis, toute l'annee, et, en
outre, pendant le careme et les semaines precedant la Saint-Jean et la
Noel, les lundis et mercredis, un jeune tres rigoureux (au pain, a
l'eau et au sel) leur fut impose[56]. Que ces prescriptions severes
n'aient pas ete observees a la lettre, surtout par les seigneurs qui,
sous pretexte de maladie ou de service d'ost, pouvaient s'en faire
dispenser moyennant des aumones, cela n'est point douteux; mais il
n'en est pas moins vrai que ces mesures prises par le haut clerge du
nord, pour fragiles qu'elles nous paraissent, sont curieuses a
enregistrer, parce qu'elles decelent la preoccupation bien nette
d'empecher une nouvelle guerre civile et le desir d'as
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