ee, de chercher a nouveau un refuge au
dela de la Meuse. Les rebelles profiterent de l'absence du Carolingien
pour secouer definitivement sa suzerainete en se choisissant un roi
parmi eux. Le 29 juin 922, le marquis Robert fut elu roi a Reims par
les grands vassaux laiques et ecclesiastiques, puis couronne le
lendemain, un dimanche, a Saint-Remy, par l'archeveque de Sens
Gautier, le meme qui avait deja couronne le roi Eudes[45].
L'archeveque de Reims, Herve, alors gravement malade, mourut trois
jours apres, et son successeur Seulf, choisi sous l'influence des
revoltes, prit aussitot une attitude nettement opposee a Charles[46].
La lutte reprit de plus belle. Robert la transporta en Lorraine. Son
fils Hugues marcha sur Chievremont, que Charles assiegeait, et le
contraignit a lever le siege[47]. Au debut de 923, Robert eut
l'habilete de se menager une entrevue, sur les bords de la Roer, avec
le roi de Germanie Henri Ier qui, au mepris du traite de Bonn, noua
des relations amicales avec l'usurpateur. Robert parvint a obtenir
d'une fraction des Lorrains un armistice qui devait se prolonger
jusqu'en octobre[48]. Puis il rentra en France, ou il congedia les
contingents bourguignons, ne gardant que peu d'hommes sous les armes.
Charles ne perdit point de temps. Mettant a profit l'instant de repit
que lui laissait la treve, il s'occupa hativement de lever en Lorraine
de nouvelles recrues, et aussitot qu'il eut reussi a constituer une
armee assez puissante, rompant l'armistice, il traversa la Meuse,
marcha rapidement sur Attigny et de la contre Robert qui sejournait a
Soissons. Il arriva sur l'Aisne le 14 juin. Le lendemain, un dimanche,
vers la sixieme heure, au moment ou les hommes de Robert ne
s'attendant plus a etre attaques prenaient tranquillement leur repas,
les Lorrains passerent la riviere et une bataille decisive eut lieu
dans la plaine voisine de l'abbaye de Saint-Medard de Soissons. Les
troupes de Robert ralliees a la hate se battirent avec l'energie du
desespoir. Le combat fut si violent que de part et d'autre les pertes
furent considerables. Robert qui luttait vaillamment au plus fort de
la melee, tomba frappe a mort par le comte Foubert, porte-enseigne
royal, qui le reconnut a sa longue barbe, et il fut acheve par les
lances de ses adversaires. Cette fin inattendue de "l'usurpateur" jeta
le desordre dans les rangs de ses partisans, et la victoire du roi
legitime semblait des lors assuree quand parut, tout a coup
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