ez son bouquet de jasmins
blancs.
Il ne comprenait rien a ces avances, se croyait extremement
ridicule et se refugiait dans l'ombre fraiche de la galerie
vitree, bordee d'un large divan sous les verdures. Tout de suite
cette femme etait venue s'asseoir pres de lui.
Jeune, belle? Il n'aurait su le dire... Du long fourreau de
lainage bleu ou sa taille pleine ondulait, sortaient deux bras,
ronds et fins, nus jusqu'a l'epaule; et ses petites mains chargees
de bagues, ses yeux gris larges ouverts et grandis par les
bizarres ornements de fer lui tombant du front, composaient un
ensemble harmonieux.
Une actrice sans doute. Il en venait beaucoup chez Dechelette; et
cette pensee n'etait pas pour le mettre a l'aise, ce genre de
personnes lui faisant tres peur. Elle lui parlait de tout pres, un
coude au genou, la tete appuyee sur la main, avec une douceur
grave, un peu lasse... "Du Midi vraiment?... Et des cheveux de ce
blond-la!... Voila une chose extraordinaire."
Et elle voulait savoir depuis combien de temps il habitait Paris,
si c'etait tres difficile cet examen pour les consulats qu'il
preparait, s'il connaissait beaucoup de monde et comment il se
trouvait a la soiree de Dechelette, rue de Rome, si loin de son
quartier Latin. Quand il dit le nom de l'etudiant qui l'avait
amene... "La Gournerie... un parent de l'ecrivain... elle
connaissait sans doute..." l'expression de ce visage de femme
changea, s'assombrit subitement; mais il n'y prit pas garde, ayant
l'age ou les yeux brillent sans rien voir. La Gournerie lui avait
promis que son cousin serait la, qu'il le presenterait. "J'aime
tant ses vers... je serais si heureux de le connaitre..."
Elle eut un sourire de pitie pour sa candeur, un joli resserrement
d'epaules, en meme temps qu'elle ecartait de sa main les feuilles
legeres d'un bambou et regardait dans le bal si elle ne lui
decouvrirait pas son grand homme.
La fete a ce moment etincelait et roulait comme une apotheose de
feerie. L'atelier, le hall plutot, car on n'y travaillait guere,
developpe dans toute la hauteur de l'hotel et n'en faisant qu'une
piece immense, recevait sur ses tentures claires, legeres,
estivales, ses stores de paille fine ou de gaze, ses paravents de
laque, ses verreries multicolores, et sur le buisson de roses
jaunes garnissant le foyer d'une haute cheminee Renaissance,
l'eclairage varie et bizarre d'innombrables lanternes chinoises,
persanes, mauresques, japonaises, les unes en fer
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