e troupes a cet endroit.
(C'est une feinte classique dans les guerres de Napoleon.) D'autre part,
pour comprendre la signification d'une manoeuvre, son but probable et,
par consequent, de quelles autres elle sera accompagnee ou suivie, il
n'est pas indifferent de consulter beaucoup moins ce qu'en annonce le
commandement et qui peut etre destine a tromper l'adversaire, a masquer
un echec possible, que les reglements militaires du pays. Il est
toujours a supposer que la manoeuvre qu'a voulu tenter une armee est
celle que prescrivait le reglement en vigueur dans les circonstances
analogues. Si, par exemple, le reglement prescrit d'accompagner une
attaque de front par une attaque de flanc, si, cette seconde attaque
ayant echoue, le commandement pretend qu'elle etait sans lien avec la
premiere et n'etait qu'une diversion, il y a chance pour que la verite
doive etre cherchee dans le reglement et non dans les dires du
commandement. Et il n'y a pas que les reglements de chaque armee, mais
leurs traditions, leurs habitudes, leurs doctrines. L'etude de l'action
diplomatique toujours en perpetuel etat d'action ou de reaction sur
l'action militaire ne doit pas etre negligee non plus. Des incidents en
apparence insignifiants, mal compris a l'epoque, t'expliqueront que
l'ennemi, comptant sur une aide dont ces incidents trahissent qu'il a
ete prive, n'a execute en realite qu'une partie de son action
strategique. De sorte que, si tu sais lire l'histoire militaire, ce qui
est recit confus pour le commun des lecteurs est pour toi un
enchainement aussi rationnel qu'un tableau pour l'amateur qui sait
regarder ce que le personnage porte sur lui, tient dans les mains,
tandis que le visiteur ahuri des musees se laisse etourdir et migrainer
par de vagues couleurs. Mais, comme pour certains tableaux ou il ne
suffit pas de remarquer que le personnage tient un calice, mais ou il
faut savoir pourquoi le peintre lui a mis dans les mains un calice, ce
qu'il symbolise par la, ces operations militaires, en dehors meme de
leur but immediat, sont habituellement, dans l'esprit du general qui
dirige la campagne, calquees sur des batailles plus anciennes qui sont,
si tu veux, comme le passe, comme la bibliotheque, comme l'erudition,
comme l'etymologie, comme l'aristocratie des batailles nouvelles.
Remarque que je ne parle pas en ce moment de l'identite locale, comment
dirais-je, spatiale des batailles. Elle existe aussi. Un champ de
bataille n'a pas ete ou
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