uence. Bien que par ma grand'mere elle sut de tout temps
ce que valait exactement la marquise, elle s'en fit immediatement une
idee plus avantageuse. Ma grand'mere, qui etait un peu souffrante, ne
fut pas d'abord favorable a la visite, puis s'en desinteressa. Depuis
que nous habitions notre nouvel appartement, Mme de Villeparisis lui
avait demande plusieurs fois d'aller la voir. Et toujours ma grand'mere
avait repondu qu'elle ne sortait pas en ce moment, dans une de ces
lettres que, par une habitude nouvelle et que nous ne comprenions pas,
elle ne cachetait plus jamais elle-meme et laissait a Francoise le soin
de fermer. Quant a moi, sans bien me representer ce "bureau d'esprit",
je n'aurais pas ete tres etonne de trouver la vieille dame de Balbec
installee devant un "bureau", ce qui, du reste, arriva.
Mon pere aurait bien voulu par surcroit savoir si l'appui de
l'Ambassadeur lui vaudrait beaucoup de voix a l'Institut ou il comptait
se presenter comme membre libre. A vrai dire, tout en n'osant pas douter
de l'appui de M. de Norpois, il n'avait pourtant pas de certitude. Il
avait cru avoir affaire a de mauvaises langues quand on lui avait dit au
ministere que M. de Norpois desirant etre seul a y representer
l'Institut, ferait tous les obstacles possibles a une candidature qui,
d'ailleurs, le generait particulierement en ce moment ou il en soutenait
une autre. Pourtant, quand M. Leroy-Beaulieu lui avait conseille de se
presenter et avait suppute ses chances, avait-il ete impressionne de
voir que, parmi les collegues sur qui il pouvait compter en cette
circonstance, l'eminent economiste n'avait pas cite M. de Norpois. Mon
pere n'osait poser directement la question a l'ancien ambassadeur mais
esperait que je reviendrais de chez Mme de Villeparisis avec son
election faite. Cette visite etait imminente. La propagande de M. de
Norpois, capable en effet d'assurer a mon pere les deux tiers de
l'Academie, lui paraissait d'ailleurs d'autant plus probable que
l'obligeance de l'Ambassadeur etait proverbiale, les gens qui l'aimaient
le moins reconnaissant que personne n'aimait autant que lui a rendre
service. Et, d'autre part, au ministere sa protection s'etendait sur mon
pere d'une facon beaucoup plus marquee que sur tout autre fonctionnaire.
Mon pere fit une autre rencontre mais qui, celle-la, lui causa un
etonnement, puis une indignation extremes. Il passa dans la rue pres de
Mme Sazerat, dont la pauvrete relative reduisait la v
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