des
contre-revolutionnaires. On ne pouvait guere, en effet, leur demander
davantage. Empecher qu'on ne maltraitat leurs ennemis etait leur devoir;
mais c'etait trop exiger de vouloir qu'ils chargeassent a la baionnette
leurs propres amis, c'est-a-dire ces jeunes gens qui tous les jours se
presentaient en foule prets a les appuyer contre les revolutionnaires. Ils
declarerent a la convention qu'ils avaient passe la nuit a discuter la
question de savoir s'il fallait ou non suspendre les jacobins. On leur
demanda s'ils avaient arrete un projet, et sur leur declaration qu'ils ne
s'etaient pas encore entendus, on leur renvoya le tout pour prendre un
parti, et venir ensuite soumettre leur resolution a l'assemblee.
Cette journee du 20 fut un peu plus calme, parce qu'il n'y avait pas
reunion aux jacobins, mais le lendemain 21, jour de seance, les
rassemblemens se renouvelerent. Des deux cotes on semblait prepare, et il
etait evident qu'on allait en venir aux mains dans la soiree meme. Les
quatre comites se reunirent aussitot, suspendirent par un arrete les
seances des jacobins, et ordonnerent que la clef de la salle fut apportee
sur-le-champ au secretariat du comite de surete generale.
L'ordre fut execute, la salle fermee, et les clefs portees au secretariat.
Cette mesure prevint le tumulte qu'on redoutait; les rassemblemens se
dissiperent, et la nuit fut parfaitement calme. Le lendemain, Laignelot
vint au nom des quatre comites faire part a la convention de l'arrete
qu'ils avaient pris. "Nous n'avons jamais eu, dit-il, l'intention
d'attaquer les societes populaires; mais nous avons le droit de fermer les
portes la ou il s'eleve des factions, et ou l'on preche la guerre civile."
La convention le couvrit d'applaudissemens. L'appel nominal fut demande, et
l'arrete fut sanctionne a la presque unanimite, au milieu des acclamations
et des cris de _Vive la republique! vive la convention!_
Ainsi finit cette societe dont le nom est reste si celebre et si odieux, et
qui, semblable a toutes les assemblees, a tous les hommes qui figurerent
successivement sur la scene, semblable a la revolution meme, eut le merite
et les torts de l'extreme energie. Placee au-dessous de la convention,
ouverte a tous les nouveaux venus, elle etait la lice ou les jeunes
revolutionnaires qui n'avaient pas figure encore, et qui etaient impatiens
de se montrer, venaient essayer leurs forces, et presser la marche
ordinairement plus lente des revolutionnaires d
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