|
esses a faire grand bruit de cette
affaire; quelques-uns ont des passeports signes des chouans; les
journalistes, les pamphletaires sont coalises pour exagerer les moindres
faits, entrainer l'opinion publique, et faire perdre de vue les cruelles
circonstances qui ont amene et qui expliquent les malheurs arrives,
non-seulement a Nantes, mais dans toute la France. Si la convention n'y
prend garde, elle se verra deshonoree par ces aristocrates, qui ne font
tant de bruit de ce proces que pour en faire rejaillir sur elle tout
l'odieux. Ce ne sont plus les jacobins qu'il faut accuser de vouloir
dissoudre la convention, mais ces hommes coalises pour la compromettre; et
l'avilir aux yeux de la France. Que tous les bons patriotes y prennent donc
garde; l'attaque contre eux est commencee; qu'ils se serrent et soient
prets a se defendre avec energie."
Plusieurs jacobins parlerent apres Crassous, et repeterent a peu pres les
memes choses. "On parle, disaient-ils, de fusillades et de noyades, mais on
ne dit pas que ces individus sur lesquels on vient de s'apitoyer avaient
fourni des secours aux brigands; on ne rappelle pas les cruautes commises
envers nos volontaires, que l'on pendait a des arbres, et que l'on
fusillait a la file. Si l'on demande vengeance pour les brigands, que les
familles de deux cent mille republicains massacres impitoyablement viennent
donc aussi demander vengeance." Les esprits etaient extremement animes; la
seance se changeait en un veritable tumulte, lorsque Billaud-Varennes,
auquel les jacobins reprochaient son silence, prit a son tour la parole.
"La marche des contre-revolutionnaires, dit-il, est connue; quand ils
voulurent, sous l'assemblee constituante, faire le proces a la revolution,
ils appelerent les jacobins des desorganisateurs, et les fusillerent au
Champ-de-Mars. Apres le 2 septembre, lorsqu'ils voulurent empecher
l'etablissement de la republique, ils les appelerent des buveurs de sang,
et les chargerent de calomnies atroces. Aujourd'hui ils recommencent les
memes machinations. Mais qu'ils ne s'imaginent pas de triompher; les
patriotes ont pu garder un instant le silence, mais le lion n'est pas mort
quand il sommeille, et a son reveil il extermine tous ses ennemis. La
tranchee est ouverte, les patriotes vont se reveiller et reprendre toute
leur energie; nous avons deja mille fois expose notre vie; si l'echafaud
nous attend encore, songeons que c'est l'echafaud qui a couvert de gloire
l'immortel S
|