55]?
[Note 155:
Ad testas choreas coelibes
Ex more venite Virgines!
Ex more sint odae flebiles
Et planctus ut cantus celebres,
Incultae sint moestae facies
Plangentum et flentum similes!....
O stupendam plus quam flendam virginem!
O quam rarum illi virum similem....
Quid plura, quid ultra dicemus?
Quid fletus, quid planctus gerimus?
Ad finem quod tamen cepimus
Plangentes et flentes ducimus.
Collatis circa se vestibus,
In arae succensae gradibus,
Traditur ab ipsa gladius....
Hebraeae dicite Virgines,
Insignis virginis memores,
Inclytae puellae Israel,
Hac valde virgine nobiles!]
Comme a Saint-Denis, comme a Saint-Medard, Abelard dut a Saint-Gildas
s'abandonner a ces inspirations touchantes; et ses vers, sous la forme
pedantesque de l'hymne rimee des latinistes du moyen age, sont empreints
de cette douleur pensive, rare au moyen age, et que laisse a l'ame la
perte de l'enthousiasme, de la gloire et de l'amour.
A ces sombres reveries, un remords venait s'ajouter. Il avait abandonne
son cher Paraclet, disperse ou laisse son troupeau a l'aventure, deserte
ses derniers amis. Sa pauvrete ne lui avait pas permis de pourvoir a la
continuation du divin sacrifice sur l'autel qu'il avait eleve. Mais un
incident qui semblait un nouveau malheur vint lui donner un moyen de
reparer sa faute et de fonder le seul monument qui devait durer apres
lui.
Depuis le jour ou nous avons vu le crime l'arracher aux pompes du
siecle, un nom a cesse en quelque sorte d'etre prononce dans la vie
d'Abelard. Le souvenir qui semble la remplir et qui la protege encore
dans l'esprit de la posterite parait absent de sa pensee, ou du moins il
est enseveli et scelle comme dans la tombe au plus profond de son coeur.
Les portes du couvent d'Argenteuil s'etaient fermees sur celle qui avait
consenti a ce supreme sacrifice, l'oubli. Cependant son caractere et son
esprit l'avaient bientot mise au premier rang; elle etait prieure, et
l'Eglise parlait d'elle avec respect. Or, il advint que Suger, qui,
novice a Saint-Denis dans sa jeunesse, y avait etudie les chartes du
monastere, entreprit de revendiquer celui d'Argenteuil, a titre d'ancien
domaine enleve par les evenements a son abbaye. Il parait en effet
certain que les fondateurs en avaient, au temps du roi Clotaire III,
legue la propriete aux moines de Saint-Denis, qui en jouirent assez
negligemment jusqu'au regne de Charlemagne. Mais ce prince jugea a
pro
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