st celle des rivales
d'Heloise, qui, la voyant privee de tant de delices, ne compatirait
maintenant a son malheur? quel ennemi si cruel, homme ou femme, n'aurait
pas pitie d'elle aujourd'hui? "J'ai ete bien coupable.... Non, tu le
sais, toi, je suis innocente. Le crime n'est pas dans l'effet de l'acte,
mais dans le sentiment de l'agent, et la justice ne pese pas ce qui a
ete fait, mais le coeur de celui qui l'a fait. Or, ce qu'a toujours ete
mon coeur pour toi, tu peux en juger seul, toi qui l'as eprouve; je
soumets tout a ton jugement; je souscris en tout a ton temoignage[177]."
[Note 174: "Tanto te majore debito noveris obligatum quanto te
amplius nuptialis foedere sacramenti constat esse adstrictum, et eo te
magis mihi obnoxium quo te semper, ut omnibus patet, immoderato amore
complexa sum. (Ibid., p. 44.)]
[Note 175: "Ut te tam corporis mei quam animi unicum possessorem
ostenderem." (Ibid., p. 46.)]
[Note 176: "Dulcius semper mihi extitit amicae vocabulum, aut, si
non indigneris, concubinae vel scorti.... Dignius videretur tua dici
meretrix quam.... imperatrix.... Quae conjugata, quae virgo non
concupiscebat absentem et non exardebat in praesentem? Quae regina vel
praepotens femina gaudiis meis non invidebat?" (_Ibid._, p. 45, 46.)]
[Note 177: "Ut etiam illiteratos melodiae dulcedo tui non sineret
immemores esse. Atque hinc maxime in amorem tui feminae suspirabant....
Quod enim bonum animi vel corporis tuam non exornabat adolescentiam?
Quam tunc mihi invidentem nunc tantis privatae delitiis compati
calamitas mea non compellat....? Et plurimum nocens, plurimum, ut nosti,
sum innocens. Non enim rei effectus, etc." (_Ibid._)
Ce que dit ici Heloise sur l'intention qui seule fait la faute est un
point de doctrine qu'elle devait a son amant, et qu'il a developpe
dans ses ouvrages de theologie, peut-etre avec une exageration que les
modernes n'ont pas surpassee. Voyez le Commentaire sur l'epitre aux
Romains (p. 625); les Problemes (p. 426); l'Ethique, _passim_, et le
troisieme livre de cet ouvrage.]
Et pourtant, continue-t-elle, il la neglige et l'oublie au point que
depuis le jour de sa conversion, present, elle ne peut jouir de son
entretien; absent, elle n'est point consolee par ses lettres. C'est
donc vrai, ce que tout le monde soupconne; il n'a aime en elle que le
plaisir, et tout s'est evanoui avec les desirs qui ne sont plus. Elle
n'est pas seule a le penser, c'est une conjecture publique. Plut a Dieu
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