emps reuni au duche
de Bretagne, et le titre de comte de Nantes etait, surtout dans cette
partie de ses Etats, donne de preference au duc. Le Necrologe du
Paraclet donne a Abelard un frere nomme Raoul, et l'on voit dans un
cartulaire de Buze, qu'en 1150 il y avait un chanoine de la cathedrale
de Nantes qui se nommait Porcaire (_Porcarius_) et qui ayant un neveu
nomme Astralabe, pouvait aussi etre un frere d'Abelard. Enfin sa
Dialectique est dediee a son frere Dagobert ou a frere Dagobert. (_Ab.
Op._, Not., p. 1142.--_Mem. pour servir a l'Histoire de Bretagne_, par
D. Morice, t. 1, p. 587.--Ouvr. ined. _Dial._, p. 229.)]
Il lui restait une derniere arme contre ces revoltes opiniatres, contre
ces crimes audacieux, l'excommunication. Il la prononca enfin. Ceux des
moines qu'il redoutait le plus s'engagerent par la foi dans l'Evangile
et par le sacrement a quitter tout a fait l'abbaye et a ne plus
l'inquieter desormais; mais cet engagement si solennel fut impudemment
enfreint, et il fallut que, par ordre du pape et par les soins d'un
legat specialement envoye, en presence du comte et des eveques, on les
forcat de renouveler le serment viole et de prendre quelques autres
engagements.
L'ordre ne fut pas retabli apres l'expulsion des plus mutins; Abelard
rentra dans la maison; il voulut reprendre l'administration, il se livra
aux moines qui etaient restes et qu'il suspectait le moins; il les
trouva pires encore que ceux dont il etait delivre. Au lieu du poison,
on parlait de l'egorger. Il fallut fuir, et gagnant la mer, dit-on, par
un passage souterrain, il s'echappa sous la conduite d'un seigneur de la
contree[168].
[Note 168: Je crois que c'est ainsi qu'il faut traduire: "Cujusdam
proceris terrae conductu vix evasi." (P. 39.) Gervaise et Niceron
entendent qu'Abelard se sauva par un egout, _conductu terrae_. Soit que
cette version ait prevalu de tout temps, soit qu'elle eut ete elle-meme
inspiree par le souvenir d'un fait traditionnel, on montre encore dans
les anciens jardins de Saint-Gildas-de-Rhuys, le soupirail par ou l'on
dit qu'il s'evada pour gagner une embarcation qui l'attendait au bas de
la terrasse dont la mer baigne le pied. Mais le trou et le passage sont
de construction moderne. (_Vie d'Ab._, t. II, p. 14 et _Mem. pour servir
a l'Hist._, etc., t. IV, p. 11.--_Magasin Pittoresque_, t. IX, p. 312.)]
C'est retire dans un asile ou cependant il ne se jugeait pas encore en
surete, ou, se soumettant a mille pre
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