ompassion, toute ta componction. Pleure cette iniquite si cruelle
commise sur une si grande innocence, et non la juste vengeance de
l'equite sur moi, ou plutot, je te l'ai dit, une grace supreme pour tous
deux.... Pleure ton reparateur et non ton corrupteur, celui qui t'a
rachetee, et non celui qui t'a perdue, le Seigneur mort pour toi, et non
un esclave vivant, ou plutot qui vient enfin d'etre vraiment delivre de
la mort. Prends garde, je t'en prie, que ce que dit Pompee a Cornelie
gemissante ne te soit honteusement applique: _Pompee survit aux
combats, mais sa fortune a peri, et tu pleures; c'est donc la ce que tu
aimais_[193]. Pense a cela, je t'en supplie, et rougis, a moins que
tu ne veuilles defendre de honteuses fautes. Accepte donc, ma soeur,
accepte patiemment ce qui nous est arrive misericordieusement....[194]"
[Note 193:
Vivit posi proella Magnus,
Sed fortuna perit; quod defies illud amasti.
(Lucan. _Phar_., \. XIII, v. 84.)]
[Note 194: _Ab. Op._, ep. V, p. 73-76.]
"Je rends graces au Seigneur qui t'a dispensee de la peine et reservee a
la couronne. Tandis que par une seule souffrance corporelle, il a glace
en moi toute ardeur coupable, il a reserve a ta jeunesse de plus grandes
souffrances de coeur par les continuelles suggestions de la chair, pour
te donner la couronne du martyre. Je sais qu'il te deplait d'entendre
cela, et que tu me defends de parler ainsi, mais c'est le langage de
l'eclatante verite; a celui qui combat toujours appartient la couronne,
parce que _nul ne sera couronne qui n'aura pas regulierement combattu_.
Pour moi, aucune couronne ne me reste, parce que je n'ai plus a
combattre." Il finit en lui demandant ses prieres, et en lui adressant
une nouvelle formule d'oraison qu'elle recitera avec ses religieuses,
mais qui n'est visiblement que pour elle.
Chose etrange! cette priere, dans sa forme liturgique et sacree, est
peut-etre ce qu'il lui ecrit de plus tendre. L'amour respire dans cet
elan de l'ame vers une celeste purete.
"Dieu qui, des la premiere creation de l'humanite, formas la femme de
la cote de l'homme, et consacras comme un tres-grand sacrement l'union
nuptiale; toi qui as releve le mariage par un immense honneur, soit
en naissant d'une femme mariee, soit en consommant les miracles de
ta naissance, et qui as jadis accorde le mariage comme un remede aux
egarements de ma fragilite; ne meprise pas les prieres de ta faible
servante, prieres que j'epanche en presenc
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