x personnages
n'avaient pas tarde a deplaire a de Musset, Mlle Adele Colin,
aujourd'hui Mme veuve Martelet.
Apres la chronologie etablie plus haut, des relations du poete avec
George Sand, faut-il dire ici que c'est bien a tort qu'on a pretendu que
le personnage de Stenio dans _Lelia_, representait Musset. M. Cabanes
(_Revue hebdomadaire_ du 1er aout 1836), s'appuyant sur le ton different
des deux "envois" pour supposer un incident survenu dans l'intervalle,
invoque l'opinion de Mme Martelet qui aurait eu jadis entre les mains
une lettre ou Musset se plaignait amerement a George Sand d'etre
portraiture dans _Lelia_. Cette lettre ne saurait avoir le sens qu'on
lui prete. George Sand connaissait l'oeuvre du poete: elle lui emprunta
une epigraphe, une strophe de _Namouna_ (decembre 1832), placee en
tete du deuxieme volume. Mais si elle rendit quelques traits de son
caractere, ce fut pure divination. Dans une de ses dernieres lettres,
en 1835, Musset lui ecrira: "Ta _Lelia_ n'est point un reve; tu ne t'es
trompee qu'a la fin; il ne dort pas sous les roseaux du lac, ton Stenio;
il est a tes cotes, il assiste a toutes tes douleurs... Ah! oui, c'est
moi! moi! tu m'as pressenti..."
Ajoutons que cette similitude a fait attribuer plus d'une fois au poete
_l'Inno ebrioso_, le chant d'orgie de Stenio, dans _Lelia_. Ainsi
M. Derome critiquant (_le Livre_ du 10 mai 1883) l'excellente
_Bibliographie des oeuvres d'Alfred de Musset_ de M. Maurice Clouard, ne
met pas en doute la paternite de ces vers.--Je ne saurais en designer
l'auteur. Mais si ces neuf strophes tumultueuses ne sont pas de George
Sand elle-meme, on ne peut du moins que les juger indignes du grand
poete qui ecrivait, dans le meme temps, _Rolla_. son dandysme. Paul de
Musset, dans une scene de _Lui et Elle_, nous les a representes, sous
les masques transparents de _Caliban_ et _Diogene,_ tenus a distance,
sinon tout a fait eloignes, par le nouveau maitre de ceans.
Caliban et Diogene, des leur entree, se donnerent le plaisir de montrer
jusqu'ou allaient leurs immunites et privileges. Le premier eut soin
de tutoyer son amie et s'assit, comme elle, a la turque; le second se
coucha de son long sur le canape. Olympe, sentant que la mauvaise tenue
de ses commensaux lui pouvait nuire, s'etait aussitot relevee de son
coussin et assise dans un fauteuil.
Falconey[44] ne fit point semblant de remarquer les postures malseantes
des deux rustres, et deploya ses manieres de gent
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