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pas a lier connaissance a la faveur d'un petit souper, je ne vous
dis que ca.
CHAPITRE VII
Denouement heureux pour tout le monde, sauf pour les autres.
_Buvons le vermouth grenadine,_
_Espoir de nos vieux bataillons._
GEORGE AURIOL.
Cette petite mesaventure servit de lecon a Raoul et a Marguerite.
A partir de ce moment, ils ne se disputerent plus jamais et furent
parfaitement heureux.
Ils n'ont pas encore beaucoup d'enfants, mais ca viendra.
MAM'ZELLE MISS
L'ainee des trois, miss Grace, etait une grosse fille commune
comme le sont les Anglaises quand elles se mettent a etre
communes.
La petit Lily, la plus jeune, faisait un effet comique avec ses
cheveux flamboyants, mais flamboyants comme le sont les cheveux
des Anglaises quand ils se mettent a etre flamboyants.
Celle que j'aimais par-dessus tout le reste, c'etait la moyenne,
miss Emily, que j'appelais, pour m'amuser, Mam'zelle Miss.
A cette epoque-la, miss Emily, pouvait avoir dans les quinze ans,
mais elle avait quinze ans comme ont les Anglaises quand elles se
mettent a avoir quinze ans.
Elle allait a la meme pension que mes cousines, et il arrivait
souvent que, le soir, j'accompagnais les fillettes.
Au moment de se separer, elles s'embrassaient. Moi, de l'air le
plus innocent, je faisais semblant d'etre de la tournee, et
j'embrassais tout ce joli petit monde-la.
Mam'zelle Miss se laissait gentiment faire, bien que je fusse deja
un grand garcon. Et je me souviens que la place de mes baisers
apparaissait toute rouge sur ses joues, tant sa peau rose etait
delicate et fine.
Des fois je la pressais un peu trop fort, alors elle me faisait de
gentils reproches, des reproches ou son " britishisme " natif
mettait comme un gazouillis d'oiseau.
Pour peu qu'elle rit, sa levre superieure se retroussait et
laissait apercevoir la nacre humide de ses affriolantes quenottes.
C'etaient surtout ses cheveux que j'aimais, des cheveux fins comme
Lin, cheveux d'un or si pale qu'on croyait rever.
Leur pere, un fort joli homme, joli comme le sont les Anglais
quand ils se mettent a etre jolis, adorait ces trois petites et
remplacait, a force de tendresse, la mere morte depuis longtemps.
Quand je partis pour Paris, j'eus, a travers la peine de quitter
mon pays et mes parents, un grand serrement de coeur en pensant
que je n'allais plus voir Mam'zelle Miss, et je ne l'oubliai
jamais.
A mes premieres vacances, je n'eus rien de plu
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