inonde de
fange. Il en avait plein ses culottes, plein sa houppelande, sur
le visage et jusque dans les cheveux.
Athanase concut la plus vive allegresse de ce malheur. Il eclata
de rire et, comme le monsieur s'eloignait en grommelant, il le
rappela pour lui demander ironiquement:
-- Voulez-vous une brosse?
Le lendemain, c'etait le premier jour de l'an.
La boutique de M. Hume-Mabrize etait a peine ouverte qu'un garcon
de l'auberge du Roi-Maure vint demander un lavement emollient pour
un client qui se tordait dans les plus penibles coliques.
-- Bien, repondit l'apothicaire; aussitot prepare, Athanase ira
l'administrer lui-meme.
En ce temps, vous savez, le grand Eguisier n'avait pas accompli sa
geniale invention et, presque toujours, les lavements etaient
administres par les apothicaires eux-memes ou par leurs garcons.
Comme une invention modifie les moeurs!
Hume-Mabrize prepara, avec son soin ordinaire, un bon liquide
emollient, sedatif et mucilagineux, l'introduisit bouillant dans
le cylindre d'etain que vous savez, et voila mon Athanase parti
pour accomplir sa mission.
La clef du voyageur etait sur la porte. Athanase entra.
Sans mot dire, le voyageur decouvrit la partie interessee.
Athanase, avec une attention et une precision professionnelles,
fit son devoir.
Doucement, sans precipitation, le piston s'enfonca dans le
cylindre, poussant devant lui le bon liquide, tel un docile
troupeau, doux et tiede.
La... ca y est
Il n'y avait plus qu'a se retirer et a s'en aller.
Mais, tout a coup, comme un volcan, comme une explosion, il se
produisit un phenomene inattendu.
Projete violemment dehors, le bon liquide venait de sortir, comme
deshonore d'avoir ete amene en tel endroit.
Le visage d'Athanase etait la, tout pres, a bout portant. Il n'en
perdit pas une goutte.
Alors le voyageur tourna son autre face vers le jeune apothicaire
et lui demanda sur le ton de la politesse empressee:
-- Voulez-vous une brosse?
EXCENTRIC'S
_We are told that the sultan Mahrnoud_
_by his perpetual wars..._
SIR CORDON SONNETT.
Par un phenomene bizarre d'association d'idees (assez commun aux
jeunes hommes de mon epoque), l'Exposition de 1889 me rappelle
celle de 1878.
A cette epoque, dix printemps de moins fleurissaient mon front.
C'est effrayant ce qu'on vieillit entre deux Expositions
universelles, surtout lorsqu'elles sont separees par un laps
considerable.
Ma bonne amie d'alors, une
|