ber aux pieds de
Therese, qui sanglotait dans le salon, la tete dans ses mains.
Laurent eut ete transporte de joie de la voir ainsi s'il eut ete le roue
que parfois il voulait paraitre; mais le fond de son coeur etait
admirablement bon, et Therese avait sur lui l'influence secrete de le
ramener a sa veritable nature. Les larmes dont elle etait baignee lui
firent donc une peine reelle et profonde. Il la supplia a genoux d'oublier
encore cette folie de sa part et d'apaiser la crise par sa douceur et sa
raison.
--Je ne veux que ce que vous voudrez, lui dit-il, et, puisque vous pleurez
notre amitie defunte, je jure de la faire revivre plutot que de vous
causer un chagrin nouveau. Mais, tenez, ma douce et bonne Therese, ma
soeur cherie, agissons franchement, car je ne me sens plus la force de
vous tromper! ayez, vous, le courage d'accepter mon amour comme une triste
decouverte que vous avez faite, et comme un mal dont vous voulez bien me
guerir par la patience et la pitie. J'y ferai tous mes efforts, je vous en
fais le serment! Je ne vous demanderai pas seulement un baiser, et je
crois qu'il ne m'en coutera pas tant que vous pourriez le craindre, car je
ne sais pas encore si mes sens sont en jeu dans tout ceci. Non, en verite,
je ne le crois pas. Comment cela pourrait-il etre apres la vie que j'ai
menee et que je suis libre de mener encore? C'est une soif de l'ame que
j'eprouve; pourquoi vous effrayerait-elle? Donnez-moi peu de votre coeur
et prenez tout le mien. Acceptez d'etre aimee de moi, et ne me dites plus
que c'est pour vous un outrage, car mon desespoir, c'est de voir que vous
me meprisez trop pour me permettre que, meme en reve, j'aspire a vous...
Cela me rabaisse tant a mes propres yeux, que cela me donne envie de tuer
ce malheureux qui vous repugne moralement. Relevez-moi plutot du bourbier
ou j'etais tombe, en me disant d'expier ma mauvaise vie et de devenir
digne de vous. Oui, laissez-moi une esperance! si faible qu'elle soit,
elle fera de moi un autre homme. Vous verrez, vous verrez, Therese! La
seule idee de travailler pour vous paraitre meilleur me donne deja de la
force, je le sens; ne me l'otez pas. Que vais-je devenir si vous me
repoussez? Je vais redescendre tous les degres que j'ai montes depuis que
je vous connais. Tout le fruit de notre sainte amitie sera perdu pour moi.
Vous aurez essaye de guerir un malade, et vous aurez fait un mort! Et
vous-meme alors, si grande et si bonne, serez-vous contente d
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