nefficace. On y avait cependant admis
Maurice, a condition qu'il passat par le tour; il y passa. Entre temps,
survint un gros chagrin, la mort subite et vraisemblablement le suicide de
Deschartres, qui s'etait ruine dans des speculations malheureuses sur
l'huile de navette et de colza. Le sejour de Paris ne convenait guere ni a
Aurore ni a Casimir. Ils y voyaient assez frequemment le baron Dudevant
qui sympathisait avec sa bru; mais sa femme etait plus reche. Elle ne
consentait a recevoir le petit Maurice que sous serment qu'on aurait pris
toutes les precautions desirables et que ses parquets seraient indemnes.
"C'etait fort difficile, dit George Sand, Maurice n'ayant pas encore bien
compris la religion du serment. Il avait dix-huit mois."
Au printemps de 1825, M. et madame Dudevant regagnerent Nohant, ou Casimir
vivait en grande intimite de table et de cabaret avec le demi-frere
d'Aurore, Hippolyte Chatiron, marie a une demoiselle Emilie de Villeneuve,
et qui etait le plus incorrigible des buveurs et le meilleur des garcons a
jeun. M. Dudevant, en prenant sur lui modele, fut non moins ivrogne, mais
il eut le vin hargneux et mechant. A eux deux, ils symbolisaient l'un et
l'autre aspect du genre: le bon et le mauvais pochard. Et Aurore etait
obligee de supporter leurs interminables et bruyantes "beuveries" qui se
prolongeaient parfois jusqu'a l'aube.
La sante de la jeune femme etant assez precaire, les medecins
conseillerent une cure a Cauterets. "J'avais, dit-elle, une toux opiniatre,
des battements de coeur frequents et quelques symptomes de phtisie." Elle
murmurait en partant: "Allons, adieu, Nohant, je ne te reverrai peut-etre
plus." Ce voyage aux Pyrenees est longuement relate dans l'_Histoire de ma
Vie_, sous forme de journal, et inspira quelques lettres descriptives
adressees a madame Dupin: ce sont les premiers essais litteraires de
George Sand. M. et madame Dudevant avaient quitte Nohant le 5 juillet 1825;
ils s'arreterent a Bordeaux, et Aurore entra en relations avec l'avocat
general Aurelien de Seze, fils du defenseur de Louis XVI, qui lui-meme
devait sieger a la Constituante et a la Legislative, sur les bancs de
l'extreme droite legitimiste. Ce fut pour Aurore l'objet d'un premier
amour, essentiellement platonique. De vrai, l'homme etait charmant et le
paraissait encore davantage, par contraste avec Casimir Dudevant. C'est a
celui-ci que fait allusion un passage du journal: "Monsieur*** chasse avec
passion.
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