nca lentement contre le genereux defenseur de
Marguerite.
--Mort a l'aristocrate! s'ecria le peuple en delire.
Le demi-cercle se retrecissait toujours et la pointe des piques touchait la
poitrine du jeune homme. Tout a coup une voix de tonnerre se fit entendre.
Un homme, a puissante stature, fendit la foule en distribuant, de droite et
de gauche, une grele de coups de poing, et vint se placer resolument devant
la victime qu'on allait sacrifier.
--Etres stupides! dit-il avec un geste de colere, en s'adressant aux
agresseurs. Quelle belle besogne vous alliez faire la!... Egorger le plus
pur des patriotes! Barbare, mon ami, un des defenseurs de Thionville!
--Un defenseur de Thionville! murmura la foule, avec un etonnement mele
d'admiration.
Les agresseurs les plus rapproches de Barbare, rougissant de l'enormite
du crime qu'ils avaient ete sur le point de commettre, baisserent la tete
avec une sorte de confusion. Cependant l'homme du peuple, que Barbare avait
renverse a ses pieds, n'avait pas encore renonce a l'espoir de se venger
sur le lieu meme temoin de son humiliation. Il ota respectueusement son
bonnet de laine, et, s'approchant du nouveau venu:
--Citoyen, lui dit-il, nous avons pleine confiance dans celui qui preside
notre club. Mais tu ne connais pas bien celui que tu defends. C'est un
aristocrate. Il porte une croix sur sa poitrine!
--Est-ce vrai? demanda le president de la Societe populaire, en se tournant
du cote de Barbare.
Pour toute reponse, le jeune homme prit la petite croix qu'il avait deja
suspendue a son cou et la montra au peuple.
--C'est stupide ce que tu fais la! lui dit le president du club a voix
basse.
--Non! repliqua le jeune homme, de maniere a etre entendu de tous ceux qui
l'entouraient. Tant que vous laisserez les croix au haut des tours du
temple de la Raison, je me croirai autorise a porter le meme signe sur ma
poitrine.
Tout en parlant de la sorte, il suspendit la petite croix a son cou.
--Il parle bien! cria la foule.
--C'est un bon patriote!
--Il vaut mieux que nous!
--A la cathedrale! a la cathedrale!
--Arrachons les croix!
Et deja le peuple se preparait a executer sa menace.
--Attendez! mes enfants, s'ecria le president de la Societe populaire. Ne
faites rien sans l'assentiment du club. Pour le moment, ne songez qu'a vous
amuser. Retournez a la fete.
--C'est juste! Rattrapons le cortege! s'ecria la foule.
Et non moins prompte a agir qu'a chang
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