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Lorsque les plus intrepides, ou les plus curieux, oserent regarder, un cri
de surprise et d'admiration sortit de toutes les bouches.
Barbare, toujours cramponne a sa corde, se balancait dans l'air, comme la
boule d'un pendule immense. Doue d'une energie merveilleuse et d'un
sang-froid sans borne, le jeune homme avait eu la presence d'esprit de
tourner les pieds dans la direction de la tour septentrionale, contre
laquelle, sans cette precaution, il eut ete infailliblement ecrase. Le
premier choc fut terrible, et Barbare fut renvoye violemment en arriere.
Mais, peu a peu, les oscillations de la corde s'apaiserent, et elle
s'arreta contre les parois de la pyramide[1].
[Note 1: Tous les details de l'ascension de Barbare sont
historiques. Je les tiens de la bouche meme d'un contemporain, qui
fut temoin de cette heroique imprudence.
(_Note de l'auteur._)]
Barbare etait encore suspendu par les mains. Il demeura ainsi quelque temps
pour reprendre haleine; puis on le vit remonter le long de la corde, gagner
son echafaudage et s'y reposer un instant. Il se releva, et, saluant les
spectateurs de la main:
--Barbare n'est pas mort! s'ecria-t-il. Vive la Republique!
Alors il redescendit a l'aide des crampons de fer et disparut par la
trappe, d'ou il etait sorti deux heures auparavant.
La foule avait suivi avec trop d'interet toutes les peripeties de ce drame
pour s'occuper du petit vieillard, dont l'arrestation avait ete en quelque
sorte le prologue du spectacle. Mais, lorsque le danger fut passe, les
groupes les plus rapproches commencerent a reporter sur lui toute leur
attention.
--Il ne bouge pas plus qu'une statue!
--On croirait meme qu'il est mort!
--Le pauvre homme!
--Si c'est le pere, ca se comprend!
On s'approcha du vieillard, et les deux soldats, qui avaient eu le temps de
l'oublier pendant l'expedition de Barbare, songerent a le conduire en lieu
sur.
--Allons! reveillez-vous, bonhomme, lui dirent-ils. Il faut nous suivre.
Mais le prisonnier ne donnait pas signe de vie.
Un des assistants s'approcha de lui et lui cria a l'oreille:
--Consolez-vous, brave homme. Votre fils est sauve!
--Il est sauve! s'ecria le vieillard, en sortant de sa stupeur.
Il se releva en repetant plusieurs fois ce mot qui l'avait ranime, et il
demanda a etre conduit pres de Barbare. Les soldats lui repondirent par un
refus et voulurent l'entrainer au poste voisin. Mais la foule prit fait et
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