es du village de
Kayserslautern.
Le soir de ce combat desastreux, lorsque les soldats republicains se mirent
en devoir d'enterrer leurs morts, deux d'entre eux furent tres-etonnes, en
depouillant un de leurs freres d'armes, de trouver sur sa poitrine une
petite croix en or.
Il leur parut si etrange qu'un soldat de la Republique gardat sur lui un
pareil signe, qu'ils en firent part a leurs chefs. Une enquete fut ouverte,
et, toute verification faite, il fut constate que le mort s'appelait
Fournier, mais qu'il etait plus connu dans son regiment sous le nom de
guerre de Barbare.
* * * * *
MICHEL CABIEU
I
Dans la nuit du 12 au 13 juillet, peu de temps avant la signature du traite
de Paris qui mit fin a la guerre de sept ans, une escadre anglaise, en
croisiere dans la Manche, debarqua trois detachements d'environ cinquante
hommes chacun a l'embouchure de la riviere d'Orne. Ces troupes avaient
l'ordre d'enclouer les pieces des batteries de Sallenelles, d'Ouistreham et
de Colleville. Si l'expedition reussissait, l'ennemi brulait, le lendemain,
les bateaux mouilles dans la riviere, remontait l'Orne jusqu'a Caen,
assiegeait la ville et s'ouvrait un chemin a travers la Normandie.
L'audace d'un homme de coeur fit echouer le projet des Anglais et sauva le
pays.
Voici le fait dans toute sa grandeur, dans toute sa simplicite.
A cette epoque, Michel Cabieu, sergent garde-cote, habitait une petite
maison situee a l'extremite nord d'Ouistreham. Dans son isolement, cette
maison ressemblait a une sentinelle avancee qui aurait eu pour consigne de
preserver le village de toute surprise nocturne. Ses fenetres s'ouvraient
sur les dunes et sur la mer. En plein jour, pas un homme ne passait sur le
sable, pas une voile ne se montrait a l'horizon, sans qu'on les apercut de
l'interieur de la chaumiere.
Mais l'ennemi avait bien choisi son temps. La nuit etait profonde. Il n'y
avait plus de lumieres dans le village. Les Anglais laisserent quelques
hommes pour garder les barques et se diviserent en deux troupes, dont l'une
se dirigea vers Colleville, tandis que l'autre se disposa a remonter les
bords de la riviere d'Orne.
Ce soir-la, Michel Cabieu s'etait couche de bonne heure. Il dormait de ce
lourd sommeil que connaissent seuls les soldats preposes a la garde des
cotes et obliges de passer deux nuits sur trois. A ses cotes, sa femme
luttait contre le sommeil. Elle savait son
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