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. La fievre, la pire de toutes les maladies, la fievre de l'esprit me devore. La pensee, quand elle est trop forte, trop frequente, use et abat le corps le plus robuste. Et c'est au moment ou j'enfante les plus belles conceptions, ou je m'epuise, ou je me tue pour la gloire et l'embellissement de ce pays, c'est a cet instant que ces hommes stupides me crachent l'injure a la face.--Tiens! regarde, dit-il apres avoir amene sa fille pres de la fenetre, regarde cette tour, cette fleche, depouille-les, par un effort d'imagination, de ces echafaudages qui les masquent en partie, et dis-moi si tu as vu jamais quelque chose de plus leger, de plus simple, mais aussi de plus solide et de plus gracieux! --Vous n'ignorez pas, mon pere, repondit naivement Marie, que j'etais bien jeune quand j'ai voyage et que je n'ai pas grande connaissance en fait d'art? --N'importe! tu es ma fille et tu vas me comprendre. Admire l'elegance de ces fenetres, longues et etroites. Admire la finesse des colonnettes; vois comme les quatre pans de l'octogone correspondent bien aux quatre faces de la tour. Remarque comme chaque detail est etudie, comme tout est prevu, calcule, proportionne; et dis-moi si ce n'est pas la un travail admirable! --Oui, mon pere, c'est bien beau. --Eh bien! le croiras-tu? ce troupeau d'imbeciles me tourne en ridicule. Ils disent que l'effet est manque, que ma tour ressemble au four d'un potier, que j'ai deshonore leur village. En verite, ils meriteraient, les miserables, que je commandasse a mes ouvriers de demolir leur eglise et de ne pas laisser pierre sur pierre de cet edifice de damnation! --Plus vous vous emporterez, plus vous augmenterez votre mal, dit Marie. Tout en parlant ainsi, la jeune fille prit doucement le bras de son pere et le fit asseoir pres de la table. --Vous travaillez trop, vous vous fatiguez, reprit-elle. Que ne prenez-vous quelqu'un pour vous aider? --C'est cela! grommela le vieillard avec humeur; je ne suis plus propre a rien! Vite, il faut faire place a un successeur! Aujourd'hui, l'imbecillite; demain, la tombe! --Je prie assez le bon Dieu et sa douce mere, ma patronne, pour qu'ils me fassent la grace de vous conserver longtemps. --Je prefererais la mort a une vieillesse honteuse! --Vous blasphemez, mon pere, dit Marie. Est-ce que vous ne n'aimez plus? ajouta-t-elle en se suspendant au cou du vieillard. Est-ce que je suis trop exigeante? Je vous demande de vivre pour moi, de ne
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