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i tu es moins habile ou plus defiant que moi, approche et regarde. Je suis sans armes. Le sergent examina l'homme de plus pres. --C'est toi, Baptiste! s'ecria-t-il avec joie. --Oui, c'est moi, ton frere! --On m'avait assure que l'ennemi t'avait fait prisonnier. --On ne t'avait pas trompe. Avant-hier, dans une descente qu'ils ont faite sur la cote de Colleville, les Anglais ont enleve quatre garde-cotes, ton serviteur et un autre soldat du regiment de Forez. --Comment te trouves-tu ici? --Par cette raison bien simple qu'il y a deux jours, j'etais fait prisonnier, et qu'aujourd'hui je suis libre. --Ce n'est pas le moment de plaisanter. L'ennemi est a deux pas de nous. --Je le sais. Ecoute-moi, et fais ton profit de ce que je vais te dire. Ce soir, le capitaine de la fregate, ou j'etais aux fers, m'a fait monter sur le pont. Plusieurs barques etaient deja a la mer. On me promet la liberte si je consens a servir de guide aux troupes qu'on allait debarquer sur la cote. --Tu as accepte? --Parbleu! Sans cela, aurais-je le plaisir de te parler a cette heure?... On debarque. Je suis place sous la garde de deux grands habits rouges. Nous marchons sur Colleville. J'etais a la tete de la compagnie, pour servir d'eclaireur. Mon premier soin est de conduire les Anglais sur le bord d'une mare bourbeuse. Un de mes gardiens y tombe consciencieusement, sans en etre prie. J'y pousse l'autre, et je me sauve a la faveur de la nuit, laissant le reste de la troupe en tete-a-tete avec les grenouilles du marecage. Ils n'ont pas ose me tirer des coups de fusil, dans la crainte de jeter l'alarme dans le pays... Et me voila! --Ou allais-tu? --Chez toi. Je voulais t'avertir de l'arrivee de l'ennemi. --Et me conseiller de l'attaquer? --Sans doute. --Touche-la, Baptiste! dit le sergent avec emotion. Les deux freres se serrerent la main. --Tu es l'homme qu'il me fallait, ajouta Cabieu. A nous deux, nous sommes de force a repousser les Anglais. --Si on nous aide, dit le soldat du regiment de Forez. Ou sont tes hommes? --Les voila! repondit le sergent en frappant successivement sur sa poitrine et sur celle de son frere. --Quoi! tu n'as pas rassemble tes garde-cotes? --Ils sont au diable! --Et tu venais ainsi, tout seul?... Ah! mon cher, tu es fou! --Pas si fou que cela, puisque j'ai eu l'esprit de te rencontrer... Es-tu decide a te venger des Anglais? L'occasion est bonne. --Hum! ils sont au moin
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