eures a Agrigente; cela
est accorde. C'est a la mer a nous le permettre maintenant. Si elle est
bonne, j'ecrirai a l'ombre d'une des colonnes doriques du temple de
Jupiter.
Adieu; soyez sans inquietude, les dieux de l'Egypte veillent sur nous.
En mer, entre la Sardaigne et la Sicile, 3 aout 1828.
Je vais essayer d'ecrire malgre le mouvement du vaisseau, qui, pousse
par un vent a souhait, marche assez rapidement vers la cote occidentale
de Sicile, que nous aurons ce soir en vue, selon toute apparence.
Jusqu'ici la traversee a ete des plus heureuses, et le plus difficile
est fait: mon estomac a subi toutes ses epreuves, et je me trouve
parfaitement bien maintenant. Le repos force dont on jouit sur le
batiment, et l'impossibilite de s'y occuper avec quelque suite, ont
tourne au profit de ma sante, et je me porte a merveille.
Je ne parlerai point des deux jours passes, n'ayant eu sous les yeux que
le ciel et la mer. Le tableau, quoique varie par quelques evolutions de
marsouins et la lourde apparition de deux cachalots, presenterait trop
d'uniformite. La seche desolation des cotes de Sardaigne, pays bien
digne de l'aspect de ses anciens Nuraghes, n'offre rien non plus de bien
interessant.
Je parlerai donc de l'espoir plus attrayant de debarquer au milieu des
temples de la vieille Agrigente. Notre commandant nous le promet pour
demain au soir, si Eole et Neptune veulent bien nous octroyer cette
douceur.
Du 4.
Nous ayons tourne, pendant la nuit, la pointe ouest de la Sardaigne, et
couru la cote meridionale, vraie succursale de l'Afrique. Ce matin nous
ne voyons encore que le ciel et la mer. Vers le soir, on apercoit l'ile
de Maritimo, le point le plus occidental de la Sicile, mais un calme
malencontreux nous empeche d'avancer.
Du 5.
Apres une nuit passee a louvoyer, nous avons revu Maritimo de bon matin,
a deux ou trois lieues de nous. Le vent s'etant enfin leve, le vaisseau
a passe devant les iles de Favignana et Levanzo; nous avions en
perspective Trapani (Drepanum), l'ancien arsenal de Sicile, et le mont
Eryx si vante dans l'Eneide. L'apres-midi, nous avons passe devant
Marsalla et salue devotement ses excellents vignobles: il s'est mele a
mon salut une teinte fort respectueuse, lorsqu'on a depasse cette ville
qui fut la vieille Lilybee, le principal etablissement carthaginois en
Sicile. Cette cote meridionale est d'une beaute parfaite.
Du 6.
Je n'ai pu saluer les ruines de Selinonte, nous l
|