ls de _Nehothph_, et presentes a ce chef par un scribe
royal, qui offre en meme temps une feuille de papyrus, sur laquelle est
relatee la date de la prise, et le nombre des captifs, qui etait de
trente-sept. Ces captifs, grands et d'une physionomie toute
particuliere, a nez aquilin pour la plupart, etaient blancs
comparativement aux Egyptiens, puisqu'on a peint leurs chairs en
jaune-roux pour imiter ce que nous nommons la _couleur de chair_. Les
hommes et les femmes sont habilles d'etoffes tres-riches, peintes
(surtout celles des femmes) comme le sont les tuniques de dames grecques
sur les vases grecs du vieux style: la tunique, la coiffure et la
chaussure des femmes captives peintes a _Beni-Hassan_ ressemblent a
celles des Grecques des vieux vases, et j'ai retrouve sur la robe d'une
d'elles l'ornement enroule si connu sous le nom de _grecque_, peint en
rouge, bleu et noir, et trace verticalement. Ces details piqueront la
curiosite et reveilleront l'interet de nos archeologues et celui de
notre ami M. Dubois, que j'ai regrette, ici plus qu'ailleurs, de n'avoir
pas a mes cotes, parce que notre opinion sur l'avancement de l'art en
Egypte y trouve des preuves _archi-authentiques_. Les hommes captifs, a
barbe pointue, sont armes d'arcs et de lances, et l'un d'entre eux tient
en main une _lyre grecque_ de vieux style. Sont-ce des Grecs? Je le
crois fermement, mais des Grecs ioniens, ou un peuple d'Asie Mineure,
voisin des colonies ioniennes et participant de leurs moeurs et de leurs
habitudes: ce serait une chose bien curieuse que des Grecs du IXe siecle
avant J.-C., peints avec fidelite par des mains egyptiennes. J'ai fait
copier ce long tableau en couleur avec une exactitude toute
particuliere: pas un coup de pinceau qui ne soit dans l'original.
Les quinze jours passes a _Beni-Hassan_ ont ete monotones, mais
fructueux: au lever du soleil, nous montions aux hypogees dessiner,
colorier et ecrire, en donnant une heure au plus a un modeste repas,
qu'on nous apportait des barques, pris a terre sur le sable, dans la
grande salle de l'hypogee, d'ou nous apercevions, a travers les colonnes
en _dorique primitif_, les magnifiques plaines de l'Heptanomide; le
soleil couchant, admirable dans ce pays-ci, donnait seul le signal du
repos; on regagnait la barque pour souper, se coucher et recommencer le
lendemain.
Cette vie de tombeaux a eu pour resultat un portefeuille de dessins
parfaitement faits et d'une exactitude complete, qui s'
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