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legende royale, accompagnee d'un titre qui fait connaitre la destination
du bloc pour Memphis, est gravee dans une aire carree et creuse. J'ai
recueilli sur divers blocs les marques de trois rois: _Psammetichus II_,
_Apries_, son fils, et _Amasis_, successeur de ce dernier: ces trois
legendes nous donnent donc la duree de la construction de l'edifice dont
ces blocs faisaient partie. Un peu plus loin sont les ruines du palais
royal du fameux _Salahh-Eddin_ (le sultan Saladin), le chef de la
dynastie des Ayoubites; un incendie a devore les toits, il y a quatre
ans, et, depuis quelques mois, on demolit parfois ce qui reste de ce
grand et beau monument: j'ai pu reconnaitre une salle carree, la
principale du palais. Plus de trente colonnes de granit rose, portant
encore les traces de la dorure epaisse qui couvrait leur fut, sont
debout, et leurs enormes chapiteaux de sculpture arabe, imitation
grossiere de vieux chapiteaux egyptiens, sont entasses sur les
decombres. Ces chapiteaux, que les Arabes avaient ajoutes a ces colonnes
grecques ou romaines, sont tires de blocs de granit enleves aux ruines
de Memphis, et la plupart portent encore des traces de sculptures
hieroglyphiques: j'ai meme trouve sur l'un d'entre eux, a la partie qui
joignait le fut a la colonne, un bas-relief representant le roi
_Nectanebe_, faisant une offrande aux dieux. Dans une de mes courses a
la citadelle, ou je suis alle plusieurs fois pour faire dessiner les
debris egyptiens, j'ai visite le fameux _puits de Joseph_, c'est-a-dire
le puits que le grand _Saladin_ (Salahh-Eddin-Joussouf) a fait creuser
dans la citadelle, non loin de son palais; c'est un grand ouvrage. J'ai
vu aussi la menagerie du pacha, consistant en un lion, deux tigres et un
elephant; je suis arrive trop tard pour voir l'hippopotame vivant: la
pauvre bete venait de mourir d'un coup de soleil, pris en faisant sa
sieste sans precaution; mais j'en ai vu la peau empaillee a la turque,
et pendue au-dessus de la porte principale de la citadelle. J'ai visite
avant-hier _Mahammed-Bey_, defterdar (tresorier) du pacha. Il m'a fait
montrer la maison qu'il construit a Boulaq sur le Nil, et dans les
murailles de laquelle il a fait encastrer, comme ornement, _d'assez
beaux bas-reliefs egyptiens_, venant de Sakkarah; c'est un pas fort
remarquable, fait par un des ministres du pacha, assez renomme pour son
opposition a la reforme.
J'ai trouve ici notre agent consulaire, M. Derche, malade, et, parmi
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