en Europe, et qu'il sera possible de
le charger d'un billet pour la France. Mais si par hasard nous sommes
seuls sur le grand chemin du monde, vous n'aurez de mes nouvelles que
dans deux mois au plus tot, les departs d'Alexandrie pour France etant
extremement rares. Notre corvette, destinee a convoyer les batiments
marchands, ne convoiera personne. On n'ose plus se mettre en mer, non
qu'il y ait danger de perte de corps ou de biens, mais parce que le
commerce avec l'Egypte est dans un etat complet de torpeur; l'Egypte
elle-meme n'envoie plus de coton. L'amiral m'assure, toutefois, que nos
relations avec le pacha sont sur le pied le plus amical. Je vais avoir,
du reste, des nouvelles positives sur notre position a l'egard de
l'Egypte, car je recois a l'instant un rendez-vous au lazaret, de la
part de M. Leon de Laborde, arrivant d'Alexandrie en trente-trois jours.
Il me dira certainement ce qu'il faut craindre ou esperer; le ton de sa
lettre est d'ailleurs tres-rassurant, et je n'en augure que de bonnes
nouvelles.
Nos Parisiens sont arrives ce matin; et nos Toscans le soir, apres un
voyage de quinze jours. Ils ont eu toutes les peines du monde a
traverser le cordon sanitaire etabli a la frontiere du Piemont par le
roi de Sardaigne, qui, trompe par les exagerations d'un capitaine
marchand de Marseille, debarque a Genes, s'est imagine que la peste
ravageait la Provence; les regiments ont marche pour occuper tous les
debouches des Alpes, et les lettres et journaux venant de France sont
taillades et passes au vinaigre. Il est connu en Italie que nous mourons
ici et a Marseille par centaines: tandis que le temps est superbe, grace
a une brise d'ouest qui rafraichit l'air et nous jettera en pleine mer
en moins d'une heure.
La mer promet d'etre excellente. J'ai deja essaye mon estomac, et je le
crois assez bien amarine, ayant couru la rade en barque par une mer
assez grosse.
30 juillet.
Il m'a ete impossible de voir M. de Laborde; la brise etait trop forte
pour pouvoir sans danger communiquer avec le lazaret dans une petite
embarcation; il m'indique un nouveau rendez-vous pour demain a une
heure: mais a cette heure-la, je serai deja loin de Toulon, puisque
notre embarquement aura lieu entre neuf et dix heures du matin. Nos gros
effets sont a bord, et nous sommes prets a dire adieu a la terre ferme.
On me fait esperer de toucher en Sicile. J'ai demande a l'amiral qu'il
permit au commandant de nous debarquer quelques h
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