ud: il est du regne de Thouthmosis III (Moeris),
construit egalement en briques, avec piliers-colonnes doriques
primitifs, a montants et portes en gres; c'etait le grand temple de la
ville egyptienne de _Beheni_ qui exista sur cet emplacement, et qui,
d'apres l'etendue des debris de poteries repandus sur la plaine
aujourd'hui deserte, parait avoir ete assez grande. Ce fut sans doute la
place forte des Egyptiens pour contenir les peuples habitant entre la
premiere et la seconde cataracte. Ce grand temple etait dedie a Ammon-Ra
et a Phre, comme la plupart des grands monuments de la Nubie. Voila tout
ce qui reste a Ouadi-Halfa, et c'est plus que je n'attendais a la
premiere inspection des ruines ... C'est de ce lieu que je vous adresse
mes souhaits d'heureuse annee ... Je vous embrasse tous a cette
intention.
A M. DACIER.
Ouadi-Halfa, a la seconde cataracte, 1er janvier 1829.
Monsieur,
Quoique separe de vous par les deserts et par toute l'etendue de la
Mediterranee, je sens le besoin de me joindre, au moins par la pensee,
et de tout coeur, a ceux qui vous offrent leurs voeux au renouvellement
de l'annee. Partant du fond de la Nubie, les miens n'en sont ni moins
ardents, ni moins sinceres; je vous prie de les agreer comme un
temoignage du souvenir reconnaissant que je garderai toujours de vos
bontes et de cette affection toute paternelle dont vous voulez bien nous
honorer mon frere et moi.
Je suis fier maintenant que, ayant suivi le cours du Nil depuis son
embouchure jusqu'a la seconde cataracte, j'ai le droit de vous annoncer
qu'il n'y a rien a modifier dans _notre Lettre sur l'alphabet des
hieroglyphes_; notre alphabet est bon: il s'applique avec un egal
succes, d'abord aux monuments egyptiens du temps des Romains et des
Lagides, et ensuite, ce qui devient d'un bien plus grand interet, aux
inscriptions de tout les temples, palais et tombeaux des epoques
pharaoniques. Tout legitime donc les encouragements que vous avez bien
voulu donner a mes travaux hieroglyphiques, dans un temps ou l'on
n'etait pas universellement dispose a leur preter faveur.
Me voici au point extreme de ma navigation vers le midi. La seconde
cataracte m'arrete: d'abord par l'impossibilite de la faire franchir par
mon _escadre_ composee de sept voiles, et en second lieu, parce que la
famine m'attend au dela, et qu'elle terminerait promptement une pointe
imprudente tentee sur l'Ethiopie; ce n'est pas a moi de recommencer
Cambyse; je
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