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englouti sans en laisser les moindres vestiges. Quelques ruines
d'_Akhmin_ (celles de Panopolis) recurent ma visite le 12, et je fus
assez heureux pour y trouver un bloc sculpte qui m'a donne l'epoque du
temple, qui est de Ptolemee Philopator, et l'image du dieu _Pan_, lequel
n'est autre chose, comme je l'avais etabli d'avance, que l'Ammon
generateur de mon _Pantheon_. L'apres-midi et la nuit suivante se
passerent en fetes, bal, tours de force et concert chez l'un des
commandants de la Haute-Egypte, Mohammed-Aga, qui envoya sa cange, ses
gens et son cheval pour me ramener, avec tous mes compagnons, a
_Saouadji_, que j'avais quitte le matin, et ou il fallut retourner bon
gre mal gre pour ne pas desobliger ce brave homme, bon vivant, bon
convive, et ne respirant que la joie et les plaisirs. L'air de
Marlborough, que nos jeunes gens lui chanterent en choeur, le fit pamer
de plaisir, et ses musiciens eurent aussitot l'ordre de l'apprendre.
(_Voyez l'Extrait de_ l'Itineraire et les lettres du mamour, _a la fin
de ce volume_.)
Nous partimes le 13 au matin, combles des dons du brave osmanli. A midi,
on depassa Ptolemais, ou il n'existe plus rien de remarquable. Sur les
quatre heures, en longeant le _Djebel-el-Asserat_, nous apercumes les
premiers crocodiles; ils etaient quatre, couches sur un ilot de sable,
et une foule d'oiseaux circulaient au milieu d'eux. J'ignore si dans le
nombre etait le _trochilus_ de notre ami Geoffroi Saint-Hilaire. Peu de
temps apres nous debarquames a _Girge_. Le vent etait faible le 15, et
nous fimes peu de chemin. Mais nos nouveaux compagnons, les crocodiles,
semblaient vouloir nous en dedommager; j'en comptai vingt et un, groupes
sur un meme ilot, et une bordee de coups de fusil a balle, tiree d'assez
pres, n'eut d'autre resultat que de disperser ce conciliabule. Ils se
jeterent au Nil, et nous perdimes un quart d'heure a desengraver notre
_maasch_ qui s'etait trop approche de l'ilot.
Le 16 au soir, nous arrivames enfin a _Denderah_. Il faisait un clair de
lune magnifique, et nous n'etions qu'a une heure de distance des
temples: pouvions-nous resister a la tentation? Souper et partir
sur-le-champ furent l'affaire d'un instant: seuls et sans guides, mais
armes jusqu'aux dents, nous primes a travers champs, presumant que les
temples etaient en ligne droite de notre maasch. Nous marchames ainsi,
chantant les marches des operas les plus nouveaux, pendant une heure et
demie, sans rien trouver.
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