a Thebes. J'espere aussi que notre venerable ami M.
Dacier trouvera quelque distraction a ses souffrances dans le peu que
j'ai pu dire des magnificences de cette Thebes qui excitait tant son
enthousiasme a cause de l'honneur qui en revient a l'esprit humain; je
lui en dirai encore davantage. Il ne manque a mes satisfactions que
celle de recevoir des lettres de France..... Adieu.
HUITIEME LETTRE
De l'ile de Philae, le 8 decembre 1828.
Nous voici, depuis le 5 au soir, dans l'ile sainte d'Osiris, a la
frontiere extreme de l'Egypte et au milieu des _noirs Ethiopiens_, comme
eut dit un brave Romain de la garnison de Syene, faisant une partie de
chasse aux environs des cataractes.
Je quittai Thebes le 26 novembre, et c'est de ce monde enchante que ma
derniere lettre est datee; il a fallu m'abstenir de donner des details
sur cette vieille capitale des Pharaons: comment parler en quelques
lignes de telles choses, et quand on n'a fait que les entrevoir! C'est
apres mon retour sur ce sol classique, apres l'avoir etudie pas a pas,
que je pourrai ecrire avec connaissance de cause, avec des idees
arretees et des resultats bien muris. Thebes n'est encore pour moi, qui
l'ai courue quatre ou cinq jours entiers, qu'un amas de colonnades,
d'obelisques et de colosses; il faut examiner un a un les membres epars
du monstre pour en donner une idee tres-precise. Patience donc, jusqu'a
l'epoque ou je planterai mes tentes dans les peristyles du palais des
Rhamses.
Le 26 au soir, nous abordames a _Hermonthis_, et nous courumes le 27 au
matin vers le temple, qui piquait d'autant plus ma curiosite que je
n'avais aucune notion bien precise sur l'epoque de sa construction:
personne n'avait encore dessine une seule de ses legendes royales; j'y
passai la journee entiere, et le resultat de cet examen prolonge fut de
m'assurer, par les inscriptions et les sculptures, que ce temple a ete
construit sous le regne de la derniere _Cleopatre_, fille de Ptolemee
Auletes, et en commemoraison de sa grossesse et de son heureuse
delivrance d'un gros garcon, Ptolemee Cesarion, le fruit de sa
benevolence envers Jules Cesar, a ce que dit l'histoire.
La cella du temple est en effet divisee en deux parties: une grande
piece (la principale), et une toute petite, tenant lieu ou la place du
sanctuaire; on n'entre dans celle-ci que par une petite porte; vers
l'angle de droite, toute la paroi du mur de fond de cette piece
(laquelle est appelee _le lieu
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