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envoyes par le gouverneur de Girgenti, et qui ne me parlaient qu'en
tremblant, a trente pas de distance; nous avons ete declares bien et
dument pestiferes, et il nous a fallu renoncer a descendre a terre, au
milieu des temples grecs les mieux conserves de toute la Sicile. Nous
remimes donc tristement a la voile, courant sur Malte, que nous
doublames le lendemain 8 aout au matin, en passant a une portee de canon
des iles Gozzo et Cumino, et de Cite-La-Valette, que nous avons
parfaitement vue dans ses details exterieurs.
C'est apres avoir reconnu successivement le plateau de la Cyrenaique et
le cap Rasat, et avoir longe de temps a autre la cote blanche et basse
de l'Afrique, sans etre trop incommodes par la chaleur, que nous
apercumes enfin, le 18 au matin, l'emplacement de la vieille
_Taposiris,_ nommee aujourd'hui la Tour des Arabes. Nous approchions
ainsi du terme de notre navigation, et nos lunettes nous revelaient deja
la colonne de Pompee, toute l'etendue du Port-Vieux d'Alexandrie, la
ville meme dont l'aspect devenait de plus en plus imposant, et une
immense foret de mats de batiments, au travers desquels se montraient
les maisons blanches d'Alexandrie. A l'entree de la passe, un coup de
canon de notre corvette amena a notre bord un pilote arabe qui dirigea
la manoeuvre au milieu des brisants, et nous mit en toute surete au
milieu du Port-Vieux. Nous nous trouvames la entoures de vaisseaux
francais, anglais, egyptiens, turcs et algeriens, et le fond de ce
tableau, veritable macedoine de peuples, etait occupe par les carcasses
des batiments orientaux echappes aux desastres de Navarin. Tout etait en
paix autour de nous, et voila, je pense, une preuve de la puissante
influence du vice-roi d'Egypte sur l'esprit de ses Egyptiens.
Nous en avions donc fini avec la mer, des le 18 a cinq heures du soir:
il ne nous restait qu'un seul regret, celui de nous separer de notre
commandant Cosmao-Dumanoir, si recommandable a tous egards, et des
autres officiers de la corvette, qui, tous, nous ont combles de
prevenances et de soins, et nous ont procure par leur instruction tous
les charmes de la plus agreable societe; mes compagnons et moi
n'oublierons jamais tout ce que nous leur devons de reconnaissance.
A peine mouilles dans le port, plusieurs officiers superieurs des
vaisseaux francais vinrent a notre bord, et nous donnerent d'excellentes
nouvelles du pays: ils nous apprirent la prochaine evacuation de la
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