e terre d'Egypte, apres laquelle je
soupirais depuis longtemps. Jusqu'ici elle m'a traite en mere tendre, et
j'y conserverai, selon toute apparence, la bonne sante que j'y apporte.
J'ai pu boire de l'eau fraiche a discretion, et cette eau-la est de
l'eau du Nil qui nous arrive par le canal nomme _Mahmoudieh_ en
l'honneur du pacha, qui l'a fait creuser.
J'ai pu voir M. Drovetti le soir meme de mon arrivee, et la j'ai appris
qu'il m'avait ecrit et conseille d'ajourner mon voyage. Depuis la date
de cette lettre, heureusement arrivee trop tard a Paris, les choses sont
bien changees. Vous devez connaitre deja les conventions pour
l'evacuation de la Moree, consenties le 6 juillet par Ibrahim-Pacha et
signees il y a une douzaine de jours par le vice-roi Mohammed-Aly. Mon
voyage ne rencontrera aucun empechement; le pacha est informe de mon
arrivee, et il a bien voulu me faire dire que j'etais le bienvenu; je
lui serai presente demain ou apres-demain au plus tard. Tout se dispose
au mieux pour mes travaux futurs; et les Alexandrins sont si bons que
j'ai deja secoue tous les prejuges inspires par de pretendus historiens.
J'occupe dans le palais du consulat de France un petit appartement
delicieux donnant sur le bord de la mer; l'ordre d'execution de nos
projets sur Alexandrie et ses environs est deja regle; ils comprennent
les obelisques dits de Cleopatre, dont nous aurons enfin une copie
exacte, et ensuite la colonne de Pompee; il faut savoir enfin a quoi
s'en tenir sur son inscription dedicatoire, et si elle porte le nom de
l'empereur _Diocletien_: nous en aurons une bonne empreinte.
Notre jeunesse est emerveillee de ce qu'elle a deja vu.... A ma
prochaine les details: la serie de mes lettres d'observation commencera
reellement avec elle....
Adieu.
LETTRES
ECRITES
D'EGYPTE ET DE NUBIE
EN 1828 ET 1829
PREMIERE LETTRE
Alexandrie, du 18 au 29 aout 1828.
Ma lettre d'Agrigente contenait mon journal depuis le 31 juillet, jour
de notre depart de Toulon sur la corvette du roi _l'Egle_, commandee par
M. Cosmao-Dumanoir, capitaine de fregate, jusqu'au 7 aout que nous avons
quitte la cote de Sicile apres une station de vingt-quatre heures, et
sans avoir pu obtenir la pratique du port, vu que, d'apres les
informations parvenues de bonne source aux autorites siciliennes, nous
etions tous en proie a la _grande peste_ qui ravage Marseille, a ce
qu'on dit en Italie. J'ai vainement parlemente avec des off
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