avoir donne toutes les mers et toutes les terres existantes a
son fils cheri "le Seigneur du monde (Soleil gardien de justice) Rhamses
(II)." Dans le sanctuaire, ce Pharaon est represente sucant le lait des
deesses Anouke et Isis. "Moi qui suis ta mere, la dame d'Elephantine,
dit la premiere, je te recois sur mes genoux, et te presente mon sein
pour que tu y prennes ta nourriture, o Rhamses!" "Et moi, ta mere Isis,
dit l'autre, moi, la dame de Nubie, je t'accorde les periodes des
panegyries (celles de trente ans) que tu suces avec mon lait, et qui
s'ecouleront en une vie pure." J'ai fait copier ces deux tableaux, ainsi
que plusieurs autres, parmi lesquels deux bas-reliefs montrant le
Pharaon vainqueur des peuples du _Midi_ et des peuples du _Nord_. Il ne
faut pas oublier que les Egyptiens appelaient les Syriens, les
Assyriens, les Ioniens et les Grecs, peuples septentrionaux.
Je dis adieu a ce monument de Bet-Oualli avec quelque peine; car c'etait
le dernier de la belle epoque et d'une bonne sculpture que je dusse
rencontrer entre Kalabschi et Thebes.
Le 31, au coucher du soleil, nous etions a _Kardassi_ ou _Kortha_, ou
j'allai visiter les restes d'un petit temple d'Isis, denue de sculpture,
a l'exception d'un bas-relief sur un fut de colonne. J'avais vu, deux
heures auparavant, les temples de _Tafah_ (l'ancienne _Taphis_),
egalement sans sculptures ni inscriptions hieroglyphiques; mais on juge
facilement, a leur genre d'architecture, qu'ils appartiennent au temps
de la domination romaine.
Le 1er fevrier, nous vimes venir a nous une cange avec pavillon
autrichien: c'etait du nouveau pour nous, et les conjectures de marcher;
cependant, la barque avancait aussi vers nous, et je reconnus sur la
proue M. Acerbi, consul general d'Autriche en Egypte, qui m'appelait et
me saluait de la main. Nous arretames nos barques et passames quelques
heures a causer de nos travaux avec cet excellent homme, publiciste et
litterateur distingue, qui nous avait traites d'une maniere si aimable
pendant notre sejour a Alexandrie. Nous nous separames, lui pour
remonter jusqu'a la seconde cataracte, et moi pour rentrer en Egypte,
avec promesse de nous rejoindre a Thebes, qui est le Paris de l'Egypte
et le rendez-vous des voyageurs, n'en deplaise a la grosse ville du
Kaire et a la triste Alexandrie.
Vers deux heures apres midi, nous etions a _Deboud_ ou _Deboude_: nous
etant rendus au temple, en passant sous les trois petits propylons sans
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