s et quand
Calendal redescend, il ne reste plus un cedre sur la montagne...
Enfin en recompense de tant d'exploits, le pecheur d'anchois obtient
l'amour d'Esterelle, et il est nomme consul par les habitants de Cassis.
Voila l'histoire de Calendal... Mais qu'importe Calendal? Ce qu'il y a
avant tout dans le poeme, c'est la Provence,--la Provence de la mer, la
Provence de la montagne,--avec son histoire, ses moeurs, ses legendes,
ses paysages, tout un peuple naif et libre qui a trouve son grand poete
avant de mourir... Et maintenant, tracez des chemins de fer, plantez
des poteaux a telegraphes, chassez la langue provencale des ecoles! La
Provence vivra eternellement dans _Mireille_ et dans _Calendal._
* * * * *
--Assez de poesie! dit Mistral en fermant son cahier. Il faut aller voir
la fete.
Nous sortimes; tout le village etait dans les rues; un grand coup de
bise avait balaye le ciel, et le ciel reluisait joyeusement sur les
toits rouges mouilles de pluie. Nous arrivames a temps pour voir rentrer
la procession. Ce fut pendant une heure un interminable defile de
penitents en cagoule, penitents blancs, penitents bleus, penitents gris,
confreries de filles voilees, bannieres roses a fleurs d'or, grands
saints de bois dedores portes a quatre epaules, saintes de faience
coloriees comme des idoles avec de gros bouquets a la main, chapes,
ostensoirs, dais de velours vert, crucifix encadres de soie blanche,
tout cela ondulant au vent dans la lumiere des cierges et du soleil, au
milieu des psaumes, des litanies, et des cloches qui sonnaient a toute
volee.
La procession finie, les saints remises dans leurs chapelles, nous
allames voir les taureaux, puis les jeux sur l'aire, les luttes
d'hommes, les trois sauts, l'etrangle-chat, le jeu de l'outre, et tout
le joli train des fetes de Provence... La nuit tombait quand nous
rentrames a Maillane. Sur la place, devant le petit cafe ou Mistral va
faire, le soir, sa partie avec son ami Zidore, on avait allume un grand
feu de joie... La farandole s'organisait. Des lanternes de papier
decoupe s'allumaient partout dans l'ombre; la jeunesse prenait place; et
bientot, sur un appel des tambourins, commenca autour de la flamme une
ronde folle, bruyante, qui devait durer toute la nuit.
* * * * *
Apres souper, trop las pour courir encore, nous montames dans la chambre
de Mistral. C'est une modeste chambre de paysan, avec d
|