es sa fuite, avait
ete accueilli par les habitants de Chartres avec courtoisie, mais sans
enthousiasme. La, comme dans tout le royaume, le nom de Guise etait
populaire et celui du roi meprise ou deteste.
Le duc jeta les yeux autour de lui, comme pour chercher s'il
n'apercevait pas le moine. A ce moment, les portes de l'immense
cathedrale s'ouvraient, et une foule de gentilshommes en sortaient,
refoulant les bourgeois. En meme temps les soldats de Grillon, par une
habile manoeuvre, couperent la procession et ne laisserent autour de
Guise qu'une dizaine de ses familiers.
--On se mefie de nous, ici! dit le duc en froncant le sourcil.
--Non pas, monseigneur, on vous rend les honneurs, repondit Grillon.
Joyeuse, quelques-uns de ses apotres et ses deux flagellants se
trouvaient dans ce cercle forme par les gens d'armes, les gentilshommes
royaux et la foule.
--Frappez! Frappez! dit Joyeuse.
Les deux flagellants se mirent a frapper a tour de bras, avec leurs
fausses lanieres.
--Sire! s'ecria Jesus, ou etes-vous? Voyez ce que font les huguenots!
et, pourtant, je ne me plains pas!...
Un grondement de la foule des bourgeois repondit a ces paroles. Et deja,
comme a Paris, les cris de: Vive Henri le Saint! eclataient, lorsque
Jesus, c'est-a-dire Joyeuse, se mit a pousser des lamentations qui,
cette fois, n'avaient rien de feint. En effet, quatre penitents venaient
de s'approcher de lui et s'etaient mis a le flageller, non plus avec
des lisieres de drap ou des lanieres de carton, mais avec de bonnes et
solides etrivieres de cuir.
Cela dura quelques minutes, pendant que les soldats contenaient la
foule, pendant que Guise, pale et stupefait, se demandait s'il n'etait
pas venu se jeter dans la gueule du loup. Les quatre enrages frappaient
de plus belle.
--Assez! dit tout a coup une voix forte.
Un homme venait de paraitre sous le porche de la cathedrale. Les quatre
flagellants cesserent aussitot leur besogne, et, s'etant precipites dans
l'eglise ou ils se depouillerent de leurs frocs, apparurent sous les
traits de Chalabre, Montsery, Loignes et Sainte-Maline...
L'homme qui venait de surgir s'avancait avec une sorte de dignite vers
le malheureux Joyeuse. A son aspect, un grand silence s'etablit, les
gens de Crillon presenterent les armes. Guise mit pied a terre et, se
decouvrant, s'inclina profondement...
Cet homme, c'etait le roi de France.
II
HENRI III
Le roi, sans faire attention a Guise, s'arr
|