ite ville de Paris, et de tenir
tous gens de guerre eloignes de la capitale d'au moins douze lieues."
Maineville se tut: son role etait termine.
Tout a coup, le roi se redressa dans son fauteuil et jeta sur cette
assemblee ce coup d'oeil froid et vitreux qu'il tenait de sa mere:
--Monsieur de Maineville, dit-il d'une voix claire, et vous, messieurs
les bourgeois de Paris, et vous, mon cousin de Guise, ecoutez-moi. Ce
qui vient de nous etre expose ne touche pas seulement aux divisions qui
ont si malheureusement eclate entre nous et notre bonne ville de Paris.
En ce cas, il ne sied pas que je reponde ici: c'est devant tout le
royaume que le roi doit sa franche reponse...
Ici, Henri III prit un temps, comme pour mieux porter a Guise le coup
qu'avait prepare Catherine:
--C'est en presence des, deputes des trois ordres que nous devons
parler, reprit le roi d'une voix plus forte. Messieurs, veuillez donc
porter, en attendant, cette reponse, la seule qui soit digne de nous et
de notre peuple; le roi assemblera les etats generaux...
Un tonnerre d'applaudissements eclata dans la salle et se propagea
au-dehors, ou la nouvelle se repandit avec une foudroyante rapidite: le
roi consent a reunir les etats generaux!...
--Les etats generaux, continua le roi, auront lieu dans notre ville de
Blois, et nous en fixons l'ouverture au quinzieme de septembre.
--Vive le roi! crierent les deputes avec un sincere enthousiasme.
Et, dans la ville, bourgeois de Chartres et penitents de Paris
reprenaient ce cri, avec une sorte d'orgueil: la convocation des etats
generaux, c'etait en effet une victoire qu'on n'eut ose esperer.
Dans la rue, les bourgeois de Chartres, les moines et penitents venus de
Paris se formerent en rang. Mais les ligueurs, qui etaient venus armes,
n'etaient pas la. Bientot, on vit apparaitre Henri III, qui s'avancait
nu-tete, pieds nus et revetu d'une longue chemise de toile grossiere. Il
portait le chapelet autour du cou et tenait un grand cierge a la main.
Il marchait seul dans un vaste espace vide; a quelques pas derriere lui,
venaient deux moines soigneusement encapuchonnes.
Hors des murs, Mayenne et le cardinal de Guise attendaient. Ils avaient
reuni la trois ou quatre cents ligueurs bien armes. Le duc de Guise
arriva au moment ou toutes les cloches de la ville se mettaient a
carillonner. Le cardinal l'interrogea du regard.
--Eh bien! dit le duc en haussant les epaules, il convoque les etats
generau
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