hotel de
ville.
Dix minutes plus tard, le roi, entoure de ses gentilshommes, marchait
a l'hotel de ville, dans une double haie de soldats que Crillon avait
disposes le long du chemin. Derriere chaque haie, la foule silencieuse
et presque hostile regardait. C'etait sinistre.
La route s'acheva sans le moindre incident, et le roi, etant entre a
l'hotel de ville, prit place sur un trone qui lui avait ete eleve
dans la grande salle et donna l'ordre d'introduire la deputation des
Parisiens.
Il semblait que Guise eut compris les soupcons et eut voulu rassurer
completement le roi. En effet, ce n'etait pas a l'hotel de ville que
devait se jouer le drame combine par Fausta: c'etait dans la cathedrale
que Jacques Clement devait frapper Henri III. Guise avait donc rassemble
hors des murs tout ce qu'il avait de gens en etat de se battre, ligueurs
et gentilshommes. Aussitot la reception, il devait les rejoindre et
attendre le signal: douze coups de la grosse cloche devaient signifier
que le roi etait mort; six coups que Jacques Clement avait manque son
attaque.
Le chef de la Ligue entra donc, accompagne seulement de quelques
bourgeois que conduisait Maineville. A l'aspect de cette si faible
troupe, le roi respira. Guise traversa la salle dans toute sa longueur.
Il etait calme et grave. Parvenu devant le trone, il s'inclina
profondement.
--Mon cousin, dit gracieusement le roi, il parait que quelque sujet de
discorde s'est eleve entre mes bons Parisiens et moi. On m'affirme
que vous avez voulu recueillir les plaintes de mes sujets pour me les
apporter. Parlez donc hardiment, et soyez sur que je suis resolu a
donner pleine satisfaction a toute plainte.
--Oui, sire, repondit Guise; c'est le premier devoir de la noblesse de
soutenir le roi... C'est pourquoi, sire, je suis reste a Paris pour
representer aux bourgeois combien il etait necessaire de retablir une
paix durable entre le roi et ses sujets. La se borne mon role. Et, quant
aux plaintes des Parisiens, je n'ai pas eu a les recueillir. Si j'ai eu
le bonheur de decider les Parisiens a se reconcilier avec Votre Majeste,
il ne m'appartient pas de connaitre sur quelles bases doit se faire la
paix...
Ces paroles, a la fois modestes et fieres, laisserent le roi impassible.
--Sire, continua le duc de Guise, voici les deputes du corps de ville.
Ils vous diront, si cela plait a Votre Majeste, quels sont les desirs de
votre peuple...
Les deputes s'inclinerent en signe d'a
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