e vous reverrez aussi la Violetta maudite...
Seulement, il faut faire ce que je vous dirai... Il est necessaire que,
pendant ces quelques jours, tandis que j'irai chercher votre Jeanne
pour l'amener... il est necessaire qu'on ne vous voie pas... vous
comprenez?...
--Je resterai cachee sur le haut de la montagne, je connais de braves
gens qui me donnent a manger et qui me laissent dormir la nuit chez
eux... C'est la que je me retirerai...
--Et c'est la que je vous amenerai votre fille Jeanne!
--Venez donc, dit Saizuma, radieuse, transfiguree, venez que je vous
montre la demeure de ces gens...
La bohemienne s'elanca, repassa par la breche et arriva a la chaumiere
ou Fausta etait entree tout a l'heure...
"Maintenant, gronda Fausta en elle-meme, je crois que Dieu meme ne
pourrait pas les sauver.., je les tiens tous!..."
XII
LA FILLE
Fausta entra alors dans le couvent et se fit conduire chez l'abbesse,
laquelle la recut comme toujours avec ce melange d'inquietude et de
respect qu'elle avait pour ce personnage enigmatique. Elle etait dans le
secret de la grande conspiration. Elle savait que Valois etait condamne
et que le duc de Guise devait regner. De l'avenement de Guise devait
dater sa fortune et celle de son couvent.
Claudine de Beauvilliers savait que son abbaye serait richement dotee
par le nouveau roi. Elle savait d'autre part l'influence certaine
de Fausta sur le duc de Guise. C'etait plus qu'il n'en fallait pour
temoigner a la mysterieuse Fausta un respect et une obeissance tres
sinceres.
Lorsque Fausta entra chez l'abbesse, celle-ci etait en train d'etablir
ses comptes. Et, navree, elle constatait qu'il lui manquait six mille
livres pour arriver a gagner la fin de l'annee.
Lorsque Fausta parut, Claudine se leva et fit la reverence.
--Que faisiez-vous la, mon amie? demanda Fausta.
--Helas! madame, dit Claudine en poussant elle-meme un fauteuil dans
lequel Fausta s'assit, je revisais les comptes de l'abbaye...
--Et vous trouviez?...
--Que nos pauvres soeurs mourront de faim surement s'il ne nous tombe
quelque manne du ciel...
--Voyons, dit Fausta avec une sorte de bonhomie, vous disiez qu'il vous
manquait...
--Je ne le disais pas, madame, mais il me manque six mille livres...
--En sorte que, si je mettais encore a votre disposition une vingtaine
de mille livres...
--Ah! madame! je serais sauvee...
--Et vous pourriez attendre le grand evenement!...
--Certes!... surt
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