ps des
grandes insurrections macedoniennes, etait-ce ici le quartier general
des revolutionnaires bulgares. Les troupes regulieres ne pouvaient venir
les pourchasser qu'a grand'peine et etaient a l'avance signalees.
Apres une assez penible montee, nous voici au sommet de la montagne;
c'est un desert de roche ou je range mon escorte; les silhouettes se
decoupent sur le ciel et, au loin, separee par un large et profond pli
de terrain, la ligne des montagnes, qui dominent la vallee de Dibra,
coupe l'horizon. Nous nous enfoncons sur le plateau et mes souvarys, par
habitude, rectifient la position, se divisent en peloton d'avant,
d'arriere et de centre et, prets a tirer, couchent le fusil sur la
criniere de leurs chevaux. Ce plateau est coupe de mille plis, ou les
broussailles assez epaisses par endroits et une herbe courte donnent aux
betes une maigre nourriture. Rien n'etait mieux choisi en verite que
ces lieux comme rendez-vous de revolutionnaires, et il n'est pas
etonnant que le repaire bulgare ait rempli merveilleusement son role.
Mais ceux que les Turcs n'ont pu vaincre par la force ont ete repousses
pacifiquement ou a peu pres par les paysans albanais. La montagne Bukova
est aujourd'hui situee en pays albanais; entre Krchevo et Gostivar, un
seul village est encore bulgare, tous les autres sont albanais; autour
de la montagne j'apercois quelques fermes isolees, je croise quelques
hommes: tous sont des Albanais; nous descendons vers la vallee de
Gostivar, le sentier est abrupt et penible, mais pittoresque; une petite
riviere qui va rejoindre le Vardar a Gostivar bondit de roche en roche,
forme des cascades, entretient une Agreable fraicheur sous les beaux
Arbres qui couvrent ce versant; au bas de la descente quelques maisons
sont construites le long du torrent; ce sont des Albanais qui nous y
offrent l'hospitalite; le chemin devient route, suit la riviere; les
terres cultivees donnent un mais superbe et du ble en abondance, qui
n'est pas encore partout fauche; sur la route, ce sont encore des
Albanais que nous croisons.
L'un d'eux est accompagne de sa femme a cheval, tandis qu'il la suit a
pied; du plus loin qu'il nous voit, il se precipite, essaie de trouver
une issue pour cacher son epouse, cependant soigneusement voilee; mais
la route passe en tranchee; il court trouver un peu plus loin un terrain
ou il pourra faire fuir le cheval; malchance! une haie epaisse resiste a
tous ses efforts; il est reduit a tourner l
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