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soutenir des conceptions qui ne correspondent a aucun de leurs interets
essentiels; elles voudraient creer au nouvel Etat le maximum d'embarras
qu'elles ne s'y prendraient pas autrement.
Ainsi les plus graves difficultes du present et de l'avenir ne sont pas,
dans les Balkans, le fait de la creation d'une Albanie autonome,
conception juste et je dirai necessaire; mais elles sont le resultat de
la politique autrichienne et, dans une moindre proportion, de la
politique italienne; c'est a ces diplomaties et a elles seules que l'on
doit la mauvaise repartition des territoires et ses consequences: l'etat
instable des Balkans, les menaces de l'avenir, les mauvaises frontieres
de l'Albanie demembree au nord, alourdie au sud, les difficiles
relations avec ses voisins que menage au nouvel Etat une telle
situation.
* * * * *
L'Albanie autonome existe de par la force de sa nationalite et la
volonte de l'Europe. D'apres le spectacle des hommes et des choses,
est-il possible d'esquisser les grands traits de sa vie politique et
economique de demain?
Sa vie politique internationale est nee d'evenements qui ont donne de
nouvelles directions aux diplomaties europeennes et modifie profondement
l'equilibre de notre continent. Dans les causes qui ont amene ces
evenements, les Albanais ont une part capitale: leur revolte, leur
triomphe et l'anarchie qui en est resultee en Turquie ont provoque les
convoitises et ruine la force de resistance de l'empire turc en Europe,
ainsi que je l'ai montre dans l'Albanie inconnue. Si la question
albanaise a eu de si profonds retentissements sur l'Europe entiere au
moment de la naissance de cet Etat, est-il exagere de croire que sa vie
politique aura une repercussion non moins importante sur l'equilibre
diplomatique du vieux monde?
Qu'on veuille bien y songer. On dit habituellement: l'Albanie va etre un
jouet entre les mains de l'Autriche et de l'Italie; ce sera un fantome
d'Etat Autonome; Vallona, Durazzo, Scutari seront les capitales
nominales, Vienne et Rome les capitales reelles. Aussi, par avance,
recule-t-on le plus possible les limites de ces frontieres pour agrandir
le gateau a partager. La creation de l'Albanie, conclut-on, n'est qu'une
hypocrisie diplomatique pour cacher une mainmise des deux Etats sur une
partie des Balkans.
Laissons pour un instant les vues actuelles de la _Consulta_ et du
_Ballplatz_ et considerons seulement la realite: est-on
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