onfesse-toi, tu sais, je voudrais tout savoir?
--Quoi donc, ma cherie?
--Je n'ose pas te dire.
--Dis toujours....
--As-tu eu des maitresses... beaucoup... avant moi?
Il hesitait, un peu perplexe, ne sachant s'il devait cacher ses bonnes
fortunes ou s'en vanter.
Elle reprit:
--Oh! je t'en prie, dis-moi, en as-tu eu beaucoup?
--Mais quelques-unes?
--Combien?
--Je ne sais pas, moi.... Est-ce qu'on sait ces choses-la?
--Tu ne les as pas comptees?...
--Mais non.
--Oh! alors, tu en as eu beaucoup?
--Mais oui.
--Combien a peu pres... seulement a peu pres.
--Mais je ne sais pas du tout, ma cherie. Il y a des annees ou j'en ai
eu beaucoup, et des annees ou j'en ai eu bien moins.
--Combien par an, dis?
--Tantot vingt ou trente, tantot quatre ou cinq seulement.
--Oh! ca fait plus de cent femmes en tout.
--Mais oui, a peu pres.
--Oh! que c'est degoutant!
--Pourquoi ca, degoutant?
--Mais parce que c'est degoutant, quand on y pense... toutes ces
femmes... nues... et toujours... toujours la meme chose.... Oh! que
c'est degoutant tout de meme, plus de cent femmes!
Il fut choque qu'elle jugeat cela degoutant, et repondit de cet air
superieur que prennent les hommes pour faire comprendre aux femmes
qu'elles disent une sottise:
--Voila qui est drole, par exemple! s'il est degoutant d'avoir cent
femmes, il est degoutant egalement d'en avoir une.
--Oh non, pas du tout!
--Pourquoi non?
--Parce que, une femme, c'est une liaison, c'est un amour qui vous
attache a elle, tandis que cent femmes c'est de la salete, de
l'inconduite. Je ne comprends pas comment un homme peut se frotter a
toutes ces filles qui sont sales....
--Mais non, elles sont tres propres.
--On ne peut pas etre propre en faisant le metier qu'elles font.
--Mais, au contraire, c'est a cause de leur metier qu'elles sont
propres.
--Oh! fi! Quand on songe que la veille elles faisaient ca avec un autre!
C'est ignoble!
--Ce n'est pas plus ignoble que de boire dans ce verre ou a bu je ne
sais qui, ce matin, et qu'on a bien moins lave, sois-en certaine,
que....
--Oh! tais-toi, tu me revoltes....
--Mais alors pourquoi me demandes-tu si j'ai eu des maitresses?
--Dis donc, tes maitresses, c'etaient des filles, toutes?... Toutes les
cent?...
--Mais non, mais non....
--Qu'est-ce que c'etait alors?
--Mais des actrices... des... des petites ouvrieres... et des...
quelques femmes du monde....
--Com
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