us que ca pourrait me
servir. Bref.... Tiens, voila Roger.
Un grand jeune homme entrait, correct, grave, poseur.
Il embrassa sur le front sa mere, qui me dit:
--Tenez, Monsieur, c'est mon fils, chef de bureau a la mairie.... Vous
savez... c'est un futur sous-prefet.
Je saluai dignement ce fontionnaire, et je sortis pour gagner l'hotel,
apres avoir serre, avec gravite, la main tendue de _Ca ira_.
DECOUVERTE
Le bateau etait couvert de monde. La traversee s'annoncant fort belle,
les Havraises allaient faire un tour a Trouville.
On detacha les amarres; un dernier coup de sifflet annonca le depart,
et, aussitot, un fremissement secoua le corps entier du navire, tandis
qu'on entendait, le long de ses flancs, un bruit d'eau remuee.
Les roues tournerent quelques secondes, s'arreterent, repartirent
doucement; puis le capitaine, debout sur sa passerelle, ayant crie
par le porte-voix qui descend dans les profondeurs de la machine: "En
route!" elles se mirent a battre la mer avec rapidite.
Nous filions le long de la jetee, couverte de monde. Des gens sur le
bateau agitaient leurs mouchoirs, comme s'ils partaient pour l'Amerique,
et les amis restes a terre repondaient de la meme facon.
Le grand soleil de juillet tombait sur les ombrelles rouges, sur les
toilettes claires, sur les visages joyeux, sur l'Ocean a peine remue par
des ondulations. Quand on fut sorti du port, le petit batiment fit une
courbe rapide, dirigeant son nez pointu sur la cote lointaine entrevue a
travers la brume matinale.
A notre gauche s'ouvrait l'embouchure de la Seine, large de vingt
kilometres. De place en place les grosses bouees indiquaient les bancs
de sable, et on reconnaissait au loin les eaux douces et bourbeuses du
fleuve qui, ne se melant point a l'eau salee, dessinaient de grands
rubans jaunes a travers l'immense nappe verte et pure de la pleine mer.
J'eprouve, aussitot que je monte sur un bateau, le besoin de marcher de
long en large, comme un marin qui fait le quart. Pourquoi? Je n'en sais
rien. Donc je me mis a circuler sur le pont a travers la foule des
voyageurs.
Tout a coup, on m'appela. Je me retournai. C'etait un de mes vieux amis,
Henri Sidoine, que je n'avais point vu depuis dix ans.
Apres nous etre serre les mains, nous recommencames ensemble, en parlant
de choses et d'autres, la promenade d'ours en cage que j'accomplissais
tout seul auparavant. Et nous regardions, tout en causant, les deux
lignes de v
|