exacte, precise,
positive.
Raoul alors surmonta le sentiment bien naturel de timidite qu'il
sentait, malgre lui, s'emparer de sa personne en face du prince,
et se rapprochant de lui:
-- Monseigneur me permettra-t-il de hasarder sur ce sujet quelques
paroles qui peut-etre le tireront d'embarras? dit-il.
Le prince se retourna et sembla envelopper tout entier le jeune
homme dans un seul regard; il sourit en reconnaissant en lui un
enfant de quinze ans a peine.
-- Sans doute, monsieur, parlez, dit-il en adoucissant sa voix
breve et accentuee, comme s'il eut cette fois adresse la parole a
une femme.
-- Monseigneur, repondit Raoul en rougissant, pourrait interroger
le prisonnier espagnol.
-- Vous avez fait un prisonnier espagnol? s'ecria le prince.
-- Oui, Monseigneur.
-- Ah! c'est vrai, repondit de Guiche, je l'avais oublie.
-- C'est tout simple, c'est vous qui l'avez fait, comte, dit Raoul
en souriant.
Le vieux marechal se retourna vers le vicomte reconnaissant de cet
eloge donne a son fils, tandis que le prince s'ecriait:
-- Le jeune homme a raison, qu'on amene le prisonnier.
Pendant ce temps, le prince prit de Guiche a part et l'interrogea
sur la maniere dont ce prisonnier avait ete fait, et lui demanda
quel etait ce jeune homme.
-- Monsieur, dit le prince en revenant vers Raoul, je sais que
vous avez une lettre de ma soeur, madame de Longueville, mais je
vois que vous avez prefere vous recommander vous-meme en me
donnant un bon avis.
-- Monseigneur, dit Raoul en rougissant, je n'ai point voulu
interrompre Votre Altesse dans une conversation aussi importante
que celle qu'elle avait entamee avec M. le comte. Mais voici la
lettre.
-- C'est bien, dit le prince, vous me la donnerez plus tard. Voici
le prisonnier, pensons au plus presse.
En effet, on amenait le partisan. C'etait un de ces condottieri
comme il en restait encore a cette epoque, vendant leur sang a qui
voulait l'acheter et vieillis dans la ruse et le pillage. Depuis
qu'il avait ete pris, il n'avait pas prononce une seule parole; de
sorte que ceux qui l'avaient pris ne savaient pas eux-memes a
quelle nation il appartenait.
Le prince le regarda d'un air d'indicible defiance.
-- De quelle nation es-tu? demanda le prince.
Le prisonnier repondit quelques mots en langue etrangere.
-- Ah! ah! il parait qu'il est Espagnol. Parlez-vous espagnol,
Grammont?
-- Ma foi, Monseigneur, fort peu.
-- Et moi, pas du tout, dit l
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