-- Et ces recherches?
-- Furent infructueuses; le hasard fit tout.
-- Vous decouvrites ce qu'etait devenue votre mere?
-- J'appris qu'elle avait ete assassinee par ce parent aide de
quatre de ses amis, mais je savais deja que j'avais ete degrade de
la noblesse et depouille de tous mes biens par le roi Charles Ier.
-- Ah! je comprends maintenant pourquoi vous servez M. Cromwell.
Vous haissez le roi.
-- Oui, Monseigneur, je le hais! dit le jeune homme.
Mazarin vit avec etonnement l'expression diabolique avec laquelle
le jeune homme prononca ces paroles: comme les visages ordinaires
se colorent de sang, son visage, a lui, se colora de fiel et
devint livide.
-- Votre histoire est terrible, monsieur Mordaunt, et me touche
vivement; mais, par bonheur pour vous, vous servez un maitre tout-
puissant. Il doit vous aider dans vos recherches. Nous avons tant
de renseignements, nous autres.
-- Monseigneur, a un bon chien de race il ne faut montrer que le
bout d'une piste pour qu'il arrive surement a l'autre bout.
-- Mais ce parent dont vous m'avez entretenu, voulez-vous que je
lui parle? dit Mazarin qui tenait a se faire un ami pres de
Cromwell.
-- Merci, Monseigneur, je lui parlerai moi-meme.
-- Mais ne m'avez-vous pas dit qu'il vous maltraitait?
-- Il me traitera mieux la premiere fois que je le verrai.
-- Vous avez donc un moyen de l'attendrir?
-- J'ai un moyen de me faire craindre.
Mazarin regardait le jeune homme, mais a l'eclair qui jaillit de
ses yeux il baissa la tete, et embarrasse de continuer une
semblable conversation, il ouvrit la lettre de Cromwell.
Peu a peu les yeux du jeune homme redevinrent ternes et vitreux
comme d'habitude, et il tomba dans une reverie profonde. Apres
avoir lu les premieres lignes, Mazarin se hasarda a regarder en
dessous si Mordaunt n'epiait pas sa physionomie; et remarquant son
indifference:
-- Faites donc faire vos affaires, dit-il en haussant
imperceptiblement les epaules, par des gens qui font en meme temps
les leurs! Voyons ce que veut cette lettre.
Nous la reproduisons textuellement:
"A Son Eminence
"Monseigneur le cardinal Mazarini.
"J'ai voulu, Monseigneur, connaitre vos intentions au sujet des
affaires presentes de l'Angleterre. Les deux royaumes sont trop
voisins pour que la France ne s'occupe pas de notre situation,
comme nous nous occupons de celle de la France. Les Anglais sont
presque tous unanimes pour combattre la tyrannie du r
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