une rixe entre les generaux. Pour s'en debarrasser, il l'envoya au
directoire, pensant qu'il serait tres-bon pour l'usage auquel on le
destinait, et qu'il serait mieux a Paris qu'au quartier-general, ou
l'oisivete le rendait dangereux. Augereau ne demandait pas mieux; car il
aimait autant les agitations des clubs que les champs de bataille, et il
n'etait pas insensible a l'attrait du pouvoir. Il partit sur-le-champ,
et arriva a Paris dans le milieu de thermidor. Bonaparte ecrivit a son
aide-de-camp, Lavalette, qu'il envoyait Augereau parce qu'il ne pouvait
plus le garder en Italie; il lui recommanda de s'en defier, et de
continuer ses observations, en se tenant toujours a part. Il lui
recommanda aussi d'avoir les meilleurs procedes envers Carnot; car en
se prononcant hautement pour le directoire, contre la faction
contre-revolutionnaire, il ne voulait entrer pour rien dans la querelle
personnelle des directeurs.
Le directoire fut tres-peu satisfait de voir arriver Augereau. Ce
general convenait bien a Barras, qui s'entourait volontiers des jacobins
et des patriotes des faubourgs, et qui parlait toujours de monter a
cheval; mais il convenait peu a Rewbell, a Larevelliere, qui auraient
voulu un general sage, mesure, et qui put, au besoin, faire cause
commune avec eux contre les projets de Barras. Augereau etait on ne
peut pas plus satisfait de se voir a Paris, pour une mission pareille.
C'etait un brave homme, excellent soldat, et coeur genereux, mais
tres-vantard et tres-mauvaise tete. Il allait dans Paris recevant des
fetes, jouissant de la celebrite que lui valaient ses beaux faits
d'armes, mais s'attribuant une partie des operations de l'armee
d'Italie, laissant croire volontiers qu'il avait inspire au general en
chef ses plus belles resolutions, et repetant a tout propos qu'il
venait mettre les aristocrates a la raison. Larevelliere et Rewbell,
tres-faches de cette conduite, resolurent de l'entourer, et, en
s'adressant a sa vanite, de le ramener a un peu plus de mesure.
Larevelliere le caressa beaucoup, et reussit a le subjuguer, moitie par
des flatteries adroites, moitie par le respect qu'il sut lui inspirer.
Il lui fit sentir qu'il ne fallait pas se deshonorer par une journee
sanglante, mais acquerir le titre de sauveur de la republique, par un
acte energique et sage, qui desarmat les factieux sans repandre de sang.
Il calma Augereau, et parvint a le rendre plus raisonnable. On lui donna
sur-le-champ le commandem
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