aires les
plus redoutables, en retablissant la loi du 3 brumaire, en lui donnant
de nouveaux moyens de severite contre les emigres et les pretres, en
l'armant de la faculte de supprimer les journaux, et de fermer les
societes politiques dont l'esprit ne lui conviendrait pas, en lui
permettant de remplir toutes les places vacantes apres l'annulation
des elections, en ajournant indefiniment la reorganisation des gardes
nationales, la loi du 19 fructidor lui avait rendu tout ce qu'avaient
voulu lui ravir les deux conseils, et y avait meme ajoute une espece de
toute-puissance revolutionnaire. Mais le directoire avait des avantages
tout aussi importans a recouvrer en matiere de finances; car on n'avait
pas moins voulu le reduire sous ce rapport que sous tous les autres. Un
vaste projet fut presente pour les depenses et les recettes de l'an VI.
Le premier soin devait etre de rendre au directoire les attributions
qu'on avait voulu lui oter, relativement aux negociations de la
tresorerie, a l'ordre des paiemens; en un mot, a la manipulation des
fonds. Tous les articles adoptes a cet egard par les conseils, avant le
18 fructidor, furent rapportes. Il fallait songer ensuite a la creation
de nouveaux impots, pour soulager la propriete fonciere trop chargee, et
porter la recette au niveau de la depense. L'etablissement d'une loterie
fut autorise; il fut etabli un droit sur les chemins et un autre sur
les hypotheques. Les droits de l'enregistrement furent regularises de
maniere a en accroitre considerablement le produit; les droits sur
les tabacs etrangers furent augmentes. Grace a ces nouveaux moyens de
recette, on put reduire la contribution fonciere a 228 millions, et la
contribution personnelle a 50, et porter cependant la somme totale
des revenus pour l'an VI a 616 millions. Dans cette somme, les ventes
supposees de biens nationaux n'etaient evaluees que pour 20 millions.
La recette se trouvant elevee a 616 millions par ces differens moyens,
il fallait reduire la depense a la meme somme. La guerre n'etait
supposee devoir couter cette annee, meme dans le cas d'une nouvelle
campagne, que 283 millions. Les autres services generaux etaient evalues
a 247 millions, ce qui faisait en tout 530 millions. Le service de
la dette s'elevait a lui seul a 258 millions: et si on l'eut fait
integralement, la depense se fut elevee a un taux fort superieur
aux moyens de la republique. On proposa de n'en payer que le tiers,
c'est-a-dire 86 millio
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