tes. Les
pretres et les emigres, deja rentres en grand nombre, quitterent Paris
et les grandes villes pour regagner les frontieres. Ceux qui etaient
prets a rentrer, s'enfoncerent de nouveau en Allemagne et en Suisse. Le
directoire venait d'etre rearme de toute la puissance revolutionnaire
par la loi du 19, et personne ne voulait plus le braver. Il commenca
par reformer les administrations, ainsi qu'il arrive toujours a chaque
changement de systeme, et appela des patriotes prononces a la plupart
des places. Il avait a nommer a toutes les fonctions electives dans
quarante-huit departemens, et il pouvait ainsi etendre beaucoup son
influence et multiplier ses partisans. Son premier soin devait etre
de remplacer les deux directeurs Carnot et Barthelemy. Rewbell et
Larevelliere, dont le dernier evenement avait singulierement augmente
l'influence, ne voulaient pas qu'on put les accuser d'avoir exclu deux
de leurs collegues, pour rester maitres du gouvernement. Ils exigerent
donc que l'on demandat sur-le-champ au corps legislatif la nomination de
deux nouveaux directeurs. Ce n'etait point l'avis de Barras, et encore
moins d'Augereau, Ce general etait enchante de la journee du 18
fructidor, et tout fier de l'avoir si bien conduite. En se melant aux
evenemens, il avait pris gout a la politique et au pouvoir, et avait
concu l'ambition de sieger au directoire. Il voulait que les trois
directeurs, sans demander des collegues au corps legislatif,
l'appelassent a sieger aupres d'eux. On ne satisfit point a cette
pretention, et il ne lui resta d'autre moyen pour devenir directeur que
d'obtenir la majorite dans les conseils. Mais il fut encore decu dans
cet espoir. Merlin (de Douai), ministre de la justice, et Francois (de
Neufchateau), ministre de l'interieur, l'emporterent d'un assez grand
nombre de voix sur leurs concurrens. Massena et Augereau furent, apres
eux, les deux candidats qui reunirent le plus de suffrages. Massena
en eut quelques-uns de plus qu'Augereau. Les deux nouveaux directeurs
furent installes avec l'appareil accoutume. Ils etaient republicains,
plutot a la maniere de Rewbell et de Larevelliere, qu'a la maniere de
Barras; ils avaient d'ailleurs d'autres habitudes et d'autres moeurs.
Merlin etait un jurisconsulte; Francois (de Neufchateau) un homme
de lettres. Tous deux avaient une maniere de vivre analogue a
leur profession, et etaient faits pour s'entendre avec Rewbell et
Larevelliere. Peut-etre eut-il ete a desirer
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