cune contestation. Bonaparte aimait donc
beaucoup mieux former un seul etat, dont Milan serait la capitale, et
donner a cet etat la frontiere de l'Adige et Mantoue, que de garder
Venise; et en cela il avait raison, dans l'interet meme de la liberte
italienne. A ne pas affranchir toute l'Italie jusqu'a l'Izonzo, mieux
valait sacrifier Venise que la frontiere de l'Adige et Mantoue.
Bonaparte avait vu, en s'entretenant avec les negociateurs autrichiens,
que le nouvel arrangement pourrait etre accepte. En consequence, il
forma de la Lombardie, des duches de Modene et de Reggio, des legations
de Bologne et de Ferrare, de la Romagne, du Bergamasque, du Brescian
et du Mantouan, un etat qui s'etendait jusqu'a l'Adige, qui avait
d'excellentes places, telles que Pizzighitone et Mantoue, une population
de trois millions six cent mille habitans, un sol admirable, des
fleuves, des canaux et des ports.
Sur-le-champ il se mit a l'organiser en republique. Il aurait voulu une
autre constitution que celle donnee a la France. Il trouvait dans cette
constitution le pouvoir executif trop faible, et, meme sans avoir encore
aucun penchant decide pour telle ou telle forme de gouvernement, mu par
le seul besoin de composer un etat fort et capable de lutter avec
les aristocraties voisines, il aurait souhaite une organisation plus
concentree et plus energique. Il demandait qu'on lui envoyat Sieyes,
pour s'entendre avec lui a cet egard; mais le directoire n'adopta point
ses idees, et insista pour qu'on donnat a la nouvelle republique la
constitution francaise. Il fut obei, et sur-le-champ notre constitution
fut adaptee a l'Italie. La nouvelle republique fut appelee Cisalpine. On
voulait a Paris l'appeler Transalpine: mais c'etait placer en quelque
sorte le centre a Paris, et les Italiens le voulaient a Rome, parce que
tous les voeux tendaient a l'affranchissement de leur patrie, a son
unite, et au retablissement de l'antique metropole. Le mot Cisalpine
etait donc celui qui lui convenait le mieux. On crut prudent de ne
pas abandonner au choix des Italiens la premiere composition du
gouvernement. Pour cette premiere fois, Bonaparte nomma lui-meme les
cinq directeurs et les membres des deux conseils. Il s'attacha a faire
les meilleurs choix, autant du moins que sa position le permettait. Il
nomma directeur Serbelloni, l'un des plus grands seigneurs de l'Italie;
il fit partout organiser des gardes nationales, et en reunit trente
mille a Milan pour la
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