it, par precaution, ordonne de grands exercices a feu aux troupes
de la garnison de Paris, et meme aux grenadiers du corps legislatif. Ces
mouvemens de troupes, ce fracas d'armes, etaient un moyen de tromper sur
le veritable jour de l'execution.
Chaque jour on s'attendait a voir l'evenement eclater; on croyait que ce
serait pour le 15 fructidor, puis pour le 16, mais le 16 repondait au
2 septembre, et le directoire n'aurait pas choisi ce jour de terrible
memoire. Cependant l'epouvante des clichyens fut extreme. La police
des inspecteurs, trompee par de faux indices, leur avait persuade que
l'evenement etait fixe pour la nuit meme du 15 au 16. Ils se reunirent
le soir en tumulte, dans la salle des deux commissions. Rovere, le
fougueux reacteur, l'un des membres de la commission des anciens, lut
un rapport de police, d'apres lequel deux cents deputes allaient etre
arretes dans la nuit. D'autres, courant a perte d'haleine, vinrent
annoncer que les barrieres etaient fermees, que quatre colonnes de
troupes entraient dans Paris, et que le comite dirigeant etait reuni
au directoire. Ils disaient aussi que l'hotel du ministre de la police
etait tout eclaire. Le tumulte fut au comble. Les membres des deux
commissions, qui auraient du n'etre que dix, et qui etaient une
cinquantaine, se plaignaient de ne pouvoir pas deliberer. Enfin on
envoya verifier, soit aux barrieres, soit a l'hotel de la police, les
rapports des agens, et il fut reconnu que le plus grand calme regnait
partout. On declara que les agens de la police ne pourraient pas etre
payes le lendemain, faute de fonds; chacun vida ses poches pour fournir
la somme necessaire. On se retira. Les clichyens entourerent Pichegru
pour le decider a agir; ils voulaient d'abord mettre les conseils en
permanence, puis reunir les emigres et les chouans qu'ils avaient
dans Paris, y adjoindre quelques jeunes gens, marcher avec eux sur le
directoire, et enlever les trois directeurs. Pichegru declara tous ces
projets ridicules et inexecutables, et repeta encore qu'il n'y avait
rien a faire. Les tetes folles du parti n'en resolurent pas moins de
commencer le lendemain par faire declarer la permanence.
Le directoire fut averti par sa police du trouble des clichyens, et de
leurs projets desesperes. Barras, qui avait dans sa main tous les moyens
d'execution, resolut d'en faire usage dans la nuit meme. Tout etait
dispose pour que les troupes pussent franchir en quelques heures
le cercle con
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