ure que Moreau avait recu par le telegraphe la
nouvelle des evenemens dans la journee meme du 18, qu'alors il s'etait
hate d'ecrire, pour faire une denonciation qui ne compromettait pas
Pichegru plus qu'il ne l'etait, et qui le dechargeait lui-meme
d'une grande responsabilite. Quoi qu'il en soit de ces differentes
suppositions, il est clair que Moreau avait garde longtemps un secret
important, et ne s'etait decide a le reveler qu'au moment meme de la
catastrophe. Tout le monde dit que, n'etant pas assez republicain pour
denoncer son ami, il n'avait pas ete cependant ami assez fidele pour
garder le secret jusqu'au bout. Son caractere politique parut la ce
qu'il etait, c'est-a-dire faible, vacillant et incertain. Le directoire
l'appela a Paris pour rendre compte de sa conduite. En examinant cette
correspondance, il y trouva la confirmation de tout ce qu'il avait
appris sur Pichegru, et dut regretter de n'en avoir pas eu connaissance
plus tot. Il trouva aussi dans ces papiers la preuve de la fidelite de
Moreau a la republique; mais il le punit de sa tiedeur et de son silence
en lui otant son commandement, et en le laissant sans emploi a Paris,
Hoche, toujours a la tete de son armee de Sambre-et-Meuse, venait de
passer un mois entier dans les plus cruelles angoisses. Il etait a son
quartier-general de Wetzlar, ayant une voiture toute prete pour
s'enfuir en Allemagne avec sa jeune femme, si le parti des cinq-cents
l'emportait. C'est cette circonstance seule qui, pour la premiere fois,
le fit songer a ses interets, et a reunir une somme d'argent pour
suffire a ses besoins pendant son eloignement; on a vu deja qu'il avait
prete au directoire la plus grande partie de la dot de sa femme. La
nouvelle du 18 fructidor le combla de joie, et le delivra de toute
crainte pour lui-meme. Le directoire, pour recompenser son devoument,
reunit les deux grandes armees de Sambre-et-Meuse et du Rhin en une
seule, sous le nom d'armee d'Allemagne, et lui en donna le commandement.
C'etait le plus vaste commandement de la republique. Malheureusement
la sante du jeune general ne lui permit guere de jouir du triomphe des
patriotes et du temoignage de confiance du gouvernement. Depuis quelque
temps une toux seche et frequente, des convulsions nerveuses, alarmaient
ses amis et ses medecins. Un mal inconnu consumait ce jeune homme,
naguere plein de sante, et qui joignait a ses talens l'avantage de la
beaute et de la vigueur la plus male. Malgre son etat,
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