la conspiration,
appuye de la declaration de Duverne de Presle, et de la piece trouvee
dans le portefeuille de d'Entraigues, etait ajoute a ces proclamations.
Le tout fut imprime sur-le-champ, et dut etre affiche dans la nuit sur
les murs de Paris. Les ministres et les trois directeurs resterent
renfermes chez Rewbell, et Augereau partit avec ses aides-de-camp pour
faire executer le projet convenu.
Carnot et Barthelemy, retires dans leur logement du Luxembourg,
ignoraient ce qui se preparait. Les clichyens, toujours fort agites,
encombraient la salle des commissions. Mais Barthelemy trompe fit dire
que ce ne serait pas pour cette nuit. Pichegru, de son cote, venait de
quitter Scherer, et il assura que rien n'etait encore prepare. Quelques
mouvemens de troupes avaient ete apercus, mais c'etait, disait-on, a
cause d'un exercice a feu, et on n'en concut aucune alarme. Chacun
rassure se retira chez soi. Rovere seul resta dans la salle des
inspecteurs, et se coucha dans un lit qui etait destine pour celui des
membres qui devait veiller.
Vers minuit, Augereau disposa toutes les troupes de la garnison autour
du palais, et fit approcher une nombreuse artillerie. Le plus grand
calme regnait dans Paris, ou l'on n'entendait que le pas des soldats
et le roulement des canons. Il fallait, sans coup ferir, enlever aux
grenadiers du corps legislatif les postes qu'ils occupaient. Ordre fut
signifie au commandant Ramel, vers une heure du matin, de se rendre chez
le ministre de la guerre. Il refusa, devinant de quoi il s'agissait,
courut reveiller l'inspecteur Rovere, qui ne voulut pas croire encore
au danger, et se hata ensuite d'aller dans la caserne de ses grenadiers
pour faire prendre les armes a la reserve. Quatre cents hommes a peu
pres occupaient les differens postes des Tuileries; la reserve etait
de huit cents. Elle fut sur-le-champ mise sous les armes, et rangee en
bataille dans le jardin des Tuileries. Le plus grand ordre et le plus
grand silence regnaient dans les rangs.
Dix mille hommes a peu pres de troupes de ligne occupaient les environs
du chateau, et se disposaient a l'envahir. Un coup de canon a poudre,
tire vers trois heures du matin, servit de signal. Les commandans des
colonnes se presenterent aux differens postes. Un officier vint de la
part d'Augereau ordonner a Ramel de livrer le poste du Pont-Tournant,
qui communiquait entre le jardin et la place Louis XV; mais Ramel
refusa. Quinze cents hommes s'etant pre
|